Pierre Gasly : “La saison dernière, mes potes disent que c’était un film d’Hollywood”

Pierre Gasly : “La saison dernière, mes potes disent que c’était un film d’Hollywood”

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Par Lucie Bacon

Publié le

"Accrocher la 2e place au Brésil, c'était fou."

Confiné à Dubaï avec son coach, le pilote français de Formule 1 Pierre Gasly nous a donné de ses nouvelles, il y a quelques jours. On a parlé de ses journées qu’il passe enfermé, de Netflix et des blagues de son père dans une vidéo que vous trouverez ci-dessous, mais aussi de sa saison passée, chaotique, entre les écuries Red Bull et Toro Rosso.

Konbini Sports ⎮ En ce moment, vous êtes tous confinés et la saison qui devait débuter mi-mars n’a pas commencé. Est-ce que vous parlez entre pilotes de cette situation inédite ?
Pierre Gasly ⎮Oui, on parle un peu. Parce qu’on est tous, je pense, un peu déçus, les 8 ou 9 prochaines courses sont annulées. Je parle assez régulièrement avec Charles (Leclerc, pilote Ferrari), avec qui je m’entends le mieux. On joue à Call of Duty ensemble, on essaye de passer le temps, on se donne un peu des nouvelles. Il y a Lewis (Hamilton, pilote Mercedes) qui voulait nous rejoindre aussi il y a 2, 3 jours.
Cela t’était déjà arrivé de ne pas rouler aussi longtemps ?
Jamais. Ce qui me manque le plus, c’est la compétition, parce que je vis pour ça tous les jours. Le fait de ne pas rouler, de ne pas vraiment savoir aussi ce qui va se passer, c’est un peu bizarre. Après, c’est un peu comme le vélo, ça ne se perd pas le feeling que tu as dans la voiture. Quand tu remontes dans une Formule 1 qui a 1 050 chevaux, quand tu sors des stands et que tu accélères… La première fois, ça fait toujours quelque chose, parce qu’on ne se rend pas vraiment compte de la puissance.
Avec ce qui s’est passé pour toi la saison dernière (pilote Red Bull début 2019, il a ensuite dû retourner chez la petite sœur de l’écurie, Toro Rosso), tu abordais peut-être cette année 2020 avec un peu moins de pression. Est-ce que cette situation t’en ajoute encore ?
Honnêtement, j’aborde chaque saison et chaque course de la même manière. Je veux me donner à fond, à 100 % de mes capacités. Il n’y a pas plus ou moins de pression, car je me la crée moi-même, j’ai mes propres attentes super élevées, je suis perfectionniste dans tout et je suis rarement satisfait de ce que je fais. Je veux toujours comprendre comment je peux m’améliorer.
Ton podium au Brésil, en fin de saison dernière, t’a libéré et t’a permis de faire une bonne préparation ?
C’est sûr que ça m’a donné un grand sourire, surtout après cette saison… Mes potes me disent que c’était un film d’Hollywood, il s’est passé tellement de trucs en l’espace de 10 mois… Pendant les six premiers mois chez Red Bull, honnêtement, il s’est passé beaucoup de choses et c’était assez frustrant. Mais ça a été aussi une très bonne expérience. Après, il y a eu le changement d’écurie, j’ai perdu mon pote Anthoine [Hubert] à Spa et c’était très difficile mentalement toute la fin de l’année. Mais j’ai tout donné, et accrocher la 2e place au Brésil, c’était fou.

Le fait d’avoir une coupe de Formule 1 à la maison, c’est particulier. Surtout avec Toro Rosso, qui est une écurie de milieu de classement, pouvoir leur donner leur 2e meilleur résultat en Formule 1, c’est fou. Jean Alesi aussi est venu me voir après le Grand Prix, en me disant que j’avais battu son record du plus jeune pilote français de F1 à monter sur un podium. Sachant que Jean, c’est une légende de la F1 en France, c’est sûr que ça fait super plaisir.
La Formule 1 a vraiment été mise sous le feu des projecteurs auprès du grand public ces derniers temps grâce à Netflix. Tu as regardé leur série ? Tu en as pensé quoi ?
C’est un peu bizarre de se voir sur Netflix, de se retrouver dans les épisodes… Vivre l’histoire de l’intérieur, c’est toujours un peu différent. Mais ils arrivent vraiment à apporter beaucoup à l’aspect personnel de chaque pilote, et c’est ce qui manque. Quand on regarde les Grands Prix, on nous voit juste avec notre casque, notre combinaison, et on ne connaît pas la personnalité de chacun. Ça, c’est quelque chose que Netflix fait très bien. Mais sur l’histoire en elle-même, il y a beaucoup de choses qui sont dites, vraies ou fausses, et il y a aussi beaucoup de choses qui ne sont pas dites. Mais ça fait partie du film, il faut l’accepter, et je l’accepte. Dans l’ensemble, c’est vraiment positif, et ça apporte une belle audience à notre sport, on en a besoin. Si ça peut ramener plus de monde sur les circuits, comme au Grand Prix de France, c’est bienvenu.
Plus de gens te reconnaissent dans la rue depuis la série ?
Il y a eu un changement après le podium au Brésil : l’arrivée avec Lewis côte à côte, ça m’a donné pas mal de reconnaissance, beaucoup de gens regardaient. Avec Netflix, c’est vrai que j’ai reçu beaucoup de messages de soutien par rapport à la série, par rapport à l’histoire, et ça fait toujours plaisir.
Je suis obligée de te poser la question car on la voit dans la série : tu la connais Geri Halliwell (ex Spice Girl, désormais mariée à Christian Horner, patron de l’écurie Red Bull) ?
Oui ! On a fait pas mal de dîners et de barbecues ensemble. Je suis aussi allé à son concert à Wembley, et c’est fou ! J’avais adoré car je ne vais pas trop à des concerts, j’ai fait DJ Snake dernièrement à Paris et c’était fou aussi ! Elle est vraiment marrante en plus. Elle est venue sur des Grands Prix plusieurs fois, elle a toujours une bonne énergie, c’est amusant de passer du temps avec elle.
Tu as vu dernièrement la sortie de Benzema sur la F1 et le karting ?
Oui, on m’en a parlé, je suis content que Karim s’intéresse à la F1, ce serait un plaisir de le retrouver sur un Grand Prix.
Et toi, tu suis le foot ?
Oui, je suis un très grand footeux, je suis un fou de foot. J’essaye d’aller au Parc de Princes dès que je peux, je regarde tous les gros matches, la Serie A comme je vis en Italie, mais aussi la Ligue 1, la Premier League et la Liga.
J’ai joué au foot quand j’étais petit, de 5 ans à 12 ans je dirais. Et j’ai commencé le kart à 6 ans, donc je faisais les deux en parallèle, et comme j’aime trop la compétition, j’ai dû faire un choix. Je m’en souviens, un dimanche, je suis arrivé au match, et comme je ne venais pas m’entraîner la semaine pour faire du karting, ils m’ont passé dans l’équipe B. Là, j’ai eu un déclic : comme je voulais tout faire à fond, je ne voulais pas être dans l’équipe B, et puisque je préférais le kart au foot, j’ai choisi ça. Avec le recul, j’ai fait le bon choix, car je ne pense pas que j’aurais eu la même carrière en foot (rires). Mais je continue à faire des five avec mes potes. Je suis le PSG. J’ai rencontré pas mal de joueurs, avec Red Bull, avec la F1… J’ai rencontré Neymar à Barcelone, on est restés en contact, je connais bien Adrien Rabiot, Ousmane Dembélé. En ce moment, on parle pas mal avec Alphonse Aréola car il kiffe le jeu de F1 sur simulateur, donc on va faire des petites courses une fois qu’on va rentrer. Le foot est un milieu que j’adore, vraiment.