“On est tous derrière eux” : ce jeudi, le football comorien a rendez-vous avec l’histoire

“On est tous derrière eux” : ce jeudi, le football comorien a rendez-vous avec l’histoire

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© Facebook (Fédération de football des Comores)

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Par Abdallah Soidri

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"On a la réputation d’être une communauté assez discrète, mais les gens vont voir qu’on est show off à mort."

Le football comorien a rendez-vous avec l’histoire. Ce jeudi, la sélection de l’océan Indien peut se qualifier pour sa première Coupe d’Afrique des nations. Large deuxième de son groupe, il lui suffit d’un point contre le Togo pour composter son billet pour la compétition et valider le projet sportif mis en place au milieu de la dernière décennie, et l’arrivée du sélectionneur Amir Abdou. De quoi redonner de la fierté à tout un peuple après des années d’anonymat à l’échelle du football continental.


À moins de 24 heures du coup d’envoi au stade Malouzini, à Moroni, l’excitation est à son comble dans la communauté comorienne. “On est tous derrière eux”, clame Alonzo, le rappeur de Marseille, où vit la plus grosse communauté comorienne en France. Même son de cloche pour Azir Saïd Mohamed Cheick, observateur des équipes de jeunes dans la cité phocéenne et chroniqueur dans le podcast Passe ton ballon :

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“C’est l’effervescence. Il y a un sentiment de fierté qui agite tout le monde. Comme il y a beaucoup de Marseillais dans cette sélection, des amis dans la vie de tous les jours, les voir être tout proche de se qualifier pour la première fois pour la CAN me remplit de fierté. Si on a l’occasion de le vivre, ce serait grandiose.”

Mais avant cette rencontre décisive, il faut se rappeler que le football comorien revient de loin. Avant d’être en position de participer à la première CAN de son histoire, les Comores la regardaient de loin, et leur peuple aussi. Une situation “frustrante” quand arrivait le tournoi, se rappelle la chroniqueuse rap Neefa, elle aussi d’origine comorienne. “Il y avait quelque chose d’excitant et on était sur le bas-côté”, se souvient-elle. Alonzo, lui, se montre plus pragmatique sur l’absence de son pays d’origine à la grand-messe du football africain :

“Ce n’est pas quelque chose que j’ai mal vécu, relativise-t-il. Quand tu es Comorien, tu sais que tu viens d’un petit pays. On prend ce qu’il y a à prendre. Quand on a vu Hamada Jambay fouler pour la première fois le Vélodrome avec le maillot de l’OM, on était comme des fous.”


Entre l’époque où Jambay défendait les couleurs olympiennes et ce match potentiellement historique, le football comorien a mis du temps à se structurer. “La bascule a eu lieu en 2014, après une rencontre face au Burkina Faso [1-1, ndlr], à Martigues”, analyse Azir Saïd Mohamed Cheick. Un match comme un déclic dans la communauté qui “a pris conscience du potentiel de la sélection”. Le second déclic se produit en 2019, quand l’équipe “ne passe pas loin de la qualification, notamment après un match nul contre le Maroc [2-2, ndlr]”.
Le troisième déclic pourrait arriver ce jeudi si les joueurs du sélectionneur Amir Abdou arrivent à rejoindre le gratin des équipes africaines. “Il nous reste un misérable point”, rappelle Alonzo, qui voit dans une qualification à la CAN l’occasion de faire connaître davantage ce pays de moins d’un million d’habitants. “Y participer ferait un grand bien à notre nation.” Et Neefa prévient : “On a la réputation d’être une communauté assez discrète, mais les gens vont voir qu’on est show off à mort.”
En attendant de montrer de quoi le peuple comorien est capable, sur et en dehors des terrains, on anticipe déjà sur le tournoi qui se tiendra du 15 janvier au 28 février 2022 au Cameroun. Si Alonzo espère “une poule très faible”, il souhaite un match face à l’Algérie, les champions d’Afrique en titre. “C’est le derby de Marseille”, juge Azir Saïd Mohamed Cheick, qui rêve que cette rencontre, “si elle devait avoir lieu, soit délocalisée au Vélodrome. Ce serait le match du siècle”.