“Je n’ai aucun regret” : entretien avec Alix de Koh-Lanta

“Je n’ai aucun regret” : entretien avec Alix de Koh-Lanta

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© Laurent Vu/ ALP /TF1

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Par Abdallah Soidri

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"Je peux paraître dure avec les autres mais c’est parce que je suis très exigeante avec moi-même".

À la surprise presque générale, Alix a quitté l’aventure Koh-Lanta la semaine dernière. La jeune coach sportive et sapeur-pompier qu’on imaginait aller plus loin dans le jeu a fait les frais des destins liés et de l’élimination de Laurent. Malgré son départ, la candidate originaire du Sud au caractère bien trempé n’éprouve aucun regret.
En direct de sa caserne, elle a accepté de revenir sur ses 32 jours de survie marqués par sa relation avec Hadja, son rôle de leadeuse dans l’équipe jaune et le regard du public sur les réseaux sociaux. Entretien.


Konbini Sports | On commence par le sujet qui fâche, ton élimination (un peu surprise) la semaine dernière. Sur le moment, t’attendais-tu à cette possibilité ?
Alix | Je me suis sentie en danger à partir du moment où j’ai tiré la boule saumon qui me mettait avec Laurent, car son nom et le mien avaient déjà été cités sur le camp. Je n’ai pas perdu la face, je suis restée contente et souriante, en mode poker face. Je devais jouer la carte de la détermination, sinon on était mort.
Ne penses-tu pas qu’en votant contre Fabrice, vous avez divisé les votes contre Brice alors qu’il semblait y avoir un front commun contre lui ?
Je n’ai finalement pas voté contre Brice pour deux raisons. Déjà, pour diviser les votes parce que je l’ai beaucoup vu se balader dans la forêt, donc il y avait la possibilité qu’il trouve un collier. Mais aussi parce que je voulais rester droite dans mes bottes jusqu’à la fin. Il était inconcevable de voter contre Brice parce qu’il y avait Ava derrière et sa tête pouvait tomber aussi.
Au moment de ton élimination, quel sentiment as-tu ressenti ?
Bien évidemment, les poteaux étaient mon objectif. Mais quand je regarde mon aventure, je ne peux pas être déçue. Au moment de mon élimination, je suis dans ma bulle et je repense à tous les paliers que j’ai passés, au fait d’être devenue cheffe, d’avoir gagné des épreuves individuelles et un totem d’immunité sur le parcours du combattant. Et je me dis : “Quelle aventure incroyable !” C’est pour ça que je ne pars pas en pleurant. Ce sont les règles du jeu : quand Laurent tombe, je tombe avec. Je n’ai aucun regret.

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“On a dit que je me comportais comme la cheffe et ils ont utilisé ce prétexte pour me tomber dessus”

Comment définirais-tu le style Alix dans Koh-Lanta ?
C’est une fille déterminée, prête à en découdre et au caractère bien trempé. Je peux paraître dure avec les autres mais c’est parce que je suis très exigeante avec moi-même. J’ai beaucoup pris les choses en main chez les Vuro (nom de l’équipe jaune, ndlr) car j’ai, à plusieurs reprises, ressenti une pression sur mes épaules, dans le sens où il fallait que ce soit moi qui dirige. J’ai mis quelques coups de pied au cul, parce que si on ne secoue personne et qu’on est nonchalant, on ne fait que perdre. J’ai emmené mon équipe jusqu’à la réunification et c’était mon objectif.
On a l’impression que c’est dans le rôle de leadeuse que tu t’épanouis le plus.
Ce n’est pas manquer d’humilité ce que je vais dire, mais dans un groupe on a du leadership ou on n’en a pas. J’ai décidé de prendre à cœur le rôle de cheffe qu’on m’avait attribué et je ne l’ai volé à personne. Si quelqu’un l’avait voulu, je le lui aurais laissé. Quand on me dit après ma victoire sur les pilotis que je suis la cheffe des Vuro, j’essaie d’écouter tout le monde, et je le fais avec plaisir.
À la réunification, je me suis sentie plus en danger car c’était chacun pour soi. J’ai continué à faire ce que j’ai toujours fait sur le camp, mais finalement ça m’a porté préjudice. On a dit que je me comportais comme la cheffe et ils ont utilisé ce prétexte pour me tomber dessus.
Dans un épisode, tu parles du long combat que tu as mené pour t’accepter toi-même et aussi pour avoir le corps que tu as aujourd’hui. Peux-tu nous en dire plus ?
Je suis rentrée il y a six ans chez les sapeurs-pompiers volontaires, dans une petite caserne, et j’ai été plus prise pour ma motivation que pour mes performances physiques. J’étais montrée du doigt pour ça donc j’ai décidé de me mettre un gros coup de pied au derrière, avec la volonté d’entreprendre, de construire mon petit chemin pour être la meilleure version de moi-même. Ça a pris du temps, il y a eu des échecs, j’ai remonté la pente, je me suis pris des murs, des obstacles, mais je n’ai jamais lâché l’affaire et c’est ce qui fait ma force de caractère. Je suis une ancienne petite boulotte, on va dire, quelqu’un qui n’était pas bien dans son corps, qui avait un manque de confiance en elle, mais je n’ai pas lâché et je suis devenue la femme que je suis aujourd’hui. Avec l’aventure Koh-Lanta, j’avais envie de me confronter à quelque chose de fort, à la fois mentalement et physiquement. J’ai postulé et j’ai eu la chance incroyable d’être prise.


Aimerais-tu revenir dans une prochaine édition ?
Oui. En plus, sur le plan personnel, cette année 2020 m’a encore plus endurcie, avec le décès de ma sœur. Je pense avoir encore plus la niaque et un physique différent. En commençant l’aventure, j’avais un corps de crossfiteuse, très musclé, et ça m’a porté préjudice sur des épreuves. Aujourd’hui, je commence à me conditionner dans l’éventualité de repartir, avec un physique un peu plus mince, encore plus polyvalent mais vraiment plus adapté à cette aventure.
Au final, quel est le meilleur physique pour être performant dans Koh-Lanta ?
Ce qu’il s’est passé, c’est que mon corps a pris un choc. Je mangeais six fois par jour et j’avais un bon taux de protéines. Quinze jours avant mon entrée dans Koh-Lanta, j’étais en compétition, donc j’étais bien trapue – ça se voit dans les premiers épisodes. En fait, mon corps s’est retrouvé en carence. Il y a un stade où j’étais à l’infirmerie parce que mon corps était à bout. Quand je pars au 32e jour, la veille, j’avais encore appelé le médecin parce que j’étais malade, mon corps ne pouvait plus rien ingérer, tout ce que je mangeais ressortait. Je pense qu’avec un physique un peu moins musclé, mon corps me demandera beaucoup moins d’énergie pour mettre un pied devant l’autre.
Ça rejoint les propos d’Hadja, l’aventure est plus dure pour les sportifs de haut niveau.
Je l’affirme : pour nous, les sportifs, c’est plus difficile que pour le commun des mortels qui ne fait pas de sport. Peut-être qu’ils vont maigrir plus vite et qu’ils n’ont déjà pas beaucoup de peau, mais nous, le muscle demande tellement d’énergie et d’entretien qu’on va vite se retrouver en carence.

“On a décrété que je n’étais pas hétéro et que je faisais partie de la communauté LGBT”

En parlant d’Hadja, elle nous a confié que tu étais l’une des candidates qu’elle appréciait le plus et qu’aujourd’hui vous étiez très proches. Pourtant, ce n’était pas gagné au départ.
Avec Hadja, on a compris qu’on était pareilles. C’est pour ça que je ne l’ai pas prise chez les Vuro, elle avait du leadership, comme moi, il y aurait eu conflit d’intérêts avec deux alpha dans le même groupe. J’ai adoré me confronter à elle, avec la grinta qu’elle me mettait. J’aurais adoré avoir une épreuve juste elle contre moi. Sur le parcours du combattant, j’étais très fière de finir devant une athlète comme elle. Par la suite, on a été amenées à discuter, à mettre les choses au clair, sans violence, et on ne s’est plus jamais lâchées. Elle a été là pour moi. Elle a perdu son frère et moi ma sœur. Avec elle je pouvais parler et échanger. Elle m’a fait avancer durant mon deuil. On ne dirait pas comme ça, mais c’est une personne très généreuse.
On passe complètement du coq à l’âne. À un moment, tu étais devenue une icône pour la communauté LGBT, qui te pensait lesbienne. Même si ces remarques ont eu l’air de te faire rire, tu as quand même démenti sur Twitter. Comment expliques-tu cette interprétation et comment l’as-tu vécu ?
Aujourd’hui aux yeux de la société, si tu es une femme hétéro, tu dois avoir un physique hyper féminin. Moi, sous prétexte que j’avais des gros trapèzes, des gros bras et que je fais un beau morceau de 1,74 m, on a décrété que je n’étais pas hétéro et que je faisais partie de la communauté LGBT. Alors, ça me flatte parce que je soutiens cette communauté à fond, et si pour des événements je pouvais les représenter et porter leur voix, je le ferai vraiment avec plaisir. Mais en même temps, j’ai tenu à mettre les points sur les I. Le fait que mon physique puisse déterminer mon orientation sexuelle, ça m’a dérangée.
Quel est ton meilleur souvenir de Koh-Lanta ?
(Elle réfléchit). Le plus riche en émotions, c’est quand je gagne mon totem en individuel sur le parcours du combattant. J’étais tellement fière. Ce totem représente beaucoup pour moi. On pense que ce n’est qu’un jeu mais c’est tellement plus.
Un autre moment qui m’a marquée, c’est la première épreuve d’immunité avec les Ceva (nom de l’équipe du Sud, ndlr). Je dépasse Dorian et Samuel et je ramène le totem à mon équipe. C’était la première épreuve où je pouvais me dépasser et leur montrer qu’ils pouvaient compter sur moi pour aller loin. Je les entendais crier mon prénom et je me suis dit que ces clampins que je connaissais depuis deux jours étaient devenus ma famille. C’est une aventure très riche en émotions.