Pourquoi des statues ont-elles été rhabillées aujourd’hui à Paris ?

Pourquoi des statues ont-elles été rhabillées aujourd’hui à Paris ?

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© Wilhelm Gunkel via Unsplash

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Par Lise Lanot

Publié le , modifié le

Le collectif Le Revers de la médaille alerte le public quant à la mise en danger que constituent les préparatifs aux Jeux de Paris.

Sur les réseaux et dans les rues, Le Revers de la médaille, collectif rassemblant 87 associations, “alerte sur les risques des Jeux olympiques de 2024”, “milite pour la prise en compte des plus” exclu·e·s et plaide “pour un héritage positif dans la lutte contre l’exclusion”. Ce dimanche 24 mars, ce collectif interassociatif a décidé de “faire parler les statues”.

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Une quinzaine de statues parisiennes a ainsi été décorée de panneaux sensibilisant les passant·e·s au “nettoyage social” ayant lieu avant les Jeux olympiques. “Ils n’ont pas l’air d’écouter beaucoup les vivants, donc on a fait parler les défunts”, ont déclaré les activistes, accrochant autour de célèbres statues des pancartes alpaguant et interrogeant badauds et politiques : “Le nettoyage social fera naître combien de bébés à la rue ?” ; “Le nettoyage social permettra-t-il à chacun·e de manger à sa faim ?” ou encore : “En Île-de-France, le nettoyage social laisse plus de 1 000 enfants à la rue”.

Face aux touristes du musée d’Orsay ou sous la statue de Sainte-Geneviève, la “protectrice de la ville de Paris”, Le Revers de la médaille a alerté les passant·e·s quant aux conséquences des jeux olympiques sur “les personnes à la rue, les personnes exilées, les travailleur·se·s du sexe” et rappelé que “plusieurs centaines de personnes vont être expulsées à Ivry, à Bordeaux et à Lille”. L’action a été relayée toute la journée sur le compte Instagram du collectif, en stories.

L’opération, appelée “Adèle Blanc-Sec”, s’est terminée avec un lancer de bouées en forme d’anneaux olympiques dans le bassin du jardin du Luxembourg. Face au Sénat, les activistes ont ainsi jeté les maux des JO”. Le collectif s’interroge : “La fête olympique peut-elle être joyeuse et populaire si, pendant les Jeux, des milliers de personnes, dont des familles et des enfants, dorment chaque soir dans la rue ?” Les associations affirment ne pas être “contre les JO” mais protester contre la façon dont leur préparation met en danger des milliers de personnes en situation de grande précarité.

Capture d’écran des stories Instagram publiées ce dimanche 24 mars 2024 par le collectif Le Revers de la médaille.

L’action de ce dimanche survient alors que la préparation de ces Jeux olympiques français enchaîne les annonces aussi discriminantes que farfelues (expulsion des étudiant·e·s pour loger les athlètes, appel à des personnes retraitées pour assurer la sécurité des événements, etc.) et que les évacuations et expulsions de personnes à la rue se poursuivent.

Mercredi 19 mars dernier, une centaine de migrant·e·s, principalement des mineur·e·s non accompagné·e·s, ont ainsi été expulsé·e·s de force de leur campement sous un tunnel du XIIe arrondissement parisien, “une zone rouge, une zone qui sera dédiée à la cérémonie d’ouverture”, soulignent les associations. “Aucune solution d’hébergement ne leur a été proposée”, note France 3 Île-de-France.

Le Revers de la médaille rappelle que, “du 1er novembre 2022 au 31 octobre 2023, 135 expulsions ont été recensées en Île-de-France par l’Observatoire des expulsions des lieux de vie informels. Ce sont au total 16 075 personnes qui ont été expulsées dans la région, soit en moyenne 44 personnes par jour. Dans 49 % des cas, aucune solution d’hébergement ou de relogement n’a été proposée aux personnes expulsées. Lorsqu’une solution est proposée à au moins une partie des habitant·e·s, ce sont dans la quasi-totalité des cas des mises à l’abri.”

Le collectif formule plusieurs propositions notamment “en matière d’hébergement” à l’exemple “d’un centre humanitaire de premier accueil des personnes exilées, rappelant par ailleurs le besoin de création de 20 000 places d’hébergements d’urgence supplémentaires en France, dont 7 000 en Île-de-France”. Le collectif dresse des bilans et apporte des pistes de solution concernant des problématiques telles que “l’occupation de l’espace public”, “l’alimentation et l’accès à l’eau”, “la santé, la prévention et la réduction des risques” et “l’accès aux droits”.

Capture d’écran des stories Instagram publiées ce dimanche 24 mars 2024 par le collectif Le Revers de la médaille.