Six ans après l’avoir rencontré une première fois après qu’il a été révélé dans Call Me Your Name et trois ans après avoir repris de ses nouvelles à l’été 2020 avant qu’il ne s’envole pour Budapest pour filmer la première partie de Dune, GQ boucle le troisième chapitre de sa trilogie chalamesque. “J’ai l’impression d’avoir vécu sept vies”, a confié l’acteur, aujourd’hui l’un des plus célèbres au monde. Il fait donc le bilan de cette évolution dans un long entretien que l’on a lu et dont voici ce qu’il faut retenir.
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Chalamet auteur, acteur et producteur
Retour trois ans en arrière, sur le tournage de Dune 1 où l’acteur confie s’être senti “piédestralisé” et “sans pairs”. Il cherchait alors la compagnie d’acteurs plus expérimentés sur le plateau, comme Josh Brolin, Jason Momoa et Oscar Isaac, qui étaient “un peu comme des oncles” pour lui. À cette période, le monde entier était également soumis à l’épidémie du Covid-19 qui a fortement limité l’entrée de l’équipe sur le continent européen. L’acteur a donc décidé de profiter de cette dérogation et a rentabilisé au maximum son temps en Europe.
Direction donc le Sud de la France, puis Paris, Milan et Rome où son ami réalisateur Luca Guadagnino était en pleine écriture de sa romance cannibale, Bones and All. Très inspiré par Nomadland de Chloe Zhao qu’il raconte avoir regardé en boucle dans son Airbnb romain, Chalamet a aidé son mentor à composer le personnage de Lee que le réalisateur lui adjurera d’incarner : “Je fais le film seulement si tu le fais aussi”. Bones and All sera ainsi la première expérience d’écriture, mais également de production de l’acteur aux côtés du réalisateur qui l’a révélé.
C’est pendant la préproduction du film que les accusations de cannibalisme puis de viol à l’encontre d’Armie Hammer, son partenaire dans Call Me By Your Name, surviendront. “Sérieux, quelles étaient les chances pour que ça arrive quand on était en train de développer ce film ?”, a ironisé Chalamet. Et c’est justement quand la rumeur selon laquelle le film serait inspiré de cette affaire a commencé à prendre de l’ampleur qu’il a décidé d’embrasser véritablement le projet : “C’est à ce moment que je me suis dit : ‘maintenant, je dois absolument faire ce film’. Car il est en réalité basé sur un livre”.
L’acteur natif de New York nourrira son personnage de vagabond marginal aux côtés de Derek Endres, un nomade qui jouait son propre rôle dans le film de Chloe Zhao et que la réalisatrice lui a présenté. Ensemble, ils passeront plusieurs semaines sur les routes de l’Ohio, du Tennessee et du Nebraska, “à parler de la vie et à écouter de la musique folk”.
Chalamet danseur et chanteur
Après la présentation de The French Dispatch de Wes Anderson au festival de Cannes en 2021, il a un instant espéré pouvoir faire une pause mais l’appel de l’usine à rêves — et à bonbons — sera finalement trop fort : Paul King, le réalisateur du bien-aimé Paddington, le veut pour incarner Wonka dans prequel des aventures du grand manitou du chocolat.
Pour assurer la relève de Johnny Depp et Gene Wilder, Timothée Chalamet va se soumettre à une intense préparation, partageant son temps entre les entraînements de danse à New York, le coaching vocal à Los Angeles et l’enregistrement dans les célèbres studios d’Abbey Road à Londres. C’est Eric Vetro, qui fut notamment le coach vocal d’Austin Butler pour Elvis, qui s’est occupé de son cas et qu’il retrouvera, plus tard, pour opérer sa mue en Bob Dylan dans A Complete Unknown, le futur biopic du musicien par James Mangold. Chalamet n’a pas encore rencontré Dylan. “Je ne le voulais pas pour des raisons de superstition. Mais maintenant, j’adorerais.”
À cette mutation en Willy Wonka extrêmement chronophage succédera un tournage sous Covid aux délais sans cesse rallongés, qui s’étirera jusqu’au printemps 2022 et retiendra l’acteur au Royaume-Uni. Et alors qu’il lui restait une unique et importante séquence à tourner, Timothée Chalamet demandera à rentrer aux États-Unis pour se rendre au chevet de sa grand-mère mourante, mettant pour la première fois de sa carrière volontairement un tournage en pause.
Chalamet admirateur et bientôt cascadeur
Il y a trois ans, GQ rencontrait un jeune acteur un peu isolé, démuni face à sa notoriété grandissante aux contacts d’acteurs plus âgés. Il semble aujourd’hui plus apaisé et nourri de la nouvelle bande — Zendaya, son assistante Darnell, Tom Holland qui venait lui rendre visite sur le tournage, Austin Butler et Florence Pugh — dont il s’est entouré sur le tournage de Dune 2, “des contemporains qui ont aussi bien compris que lui — si ce n’est mieux — comment composer entre cette célébrité et le désir de bien jouer”.
Le professionnalisme d’Austin Butler — qui dès la toute première lecture du scénario sur Zoom s’exprimait déjà à la manière de Stellan Skarsgård, l’interprète du baron Vladimir Harkonnen dont il est le neveu dans Dune 2 — semble tout particulièrement animer Chalamet : “Je crois que je n’avais jamais vu quelqu’un de mon âge, que ce soit à l’école de théâtre ou sur un plateau, qui prend son travail autant au sérieux sans pour autant vouloir à tout prix montrer à quel point il est sérieux. Une fois que les caméras sont coupées, il est cet homme génial et extrêmement affable.”
Mais bien qu’il puise désormais son énergie auprès d’acteurs de sa génération — “Regarde tout ce que Zendaya a accompli tout en ayant l’air que tout ça lui glisse dessus, c’est tellement inspirant” — il n’oublie pas de s’en remettre aux vétérans de Hollywood. Ainsi, sur le tournage de la deuxième partie de Dune à Budapest, il raconte avoir vu Top Gun: Maverick pas moins de huit fois et, décidé à transmettre son enthousiasme, a acheté des places de cinéma à deux dollars pour toute l’équipe.
Tom Cruise a d’ailleurs spontanément pris la nouvelle coqueluche du cinéma sous son aile et lui a adressé un e-mail non sollicité pour lui partager son carnet d’adresses de coach en cascades, à l’issue du tournage de Dune : “En substance, il me disait qu’à l’époque de l’ancien Hollywood, on prenait des cours de danse et des cours de combat mais que plus personne n’exige ça désormais et que c’était donc à moi de me prendre en main. Son mail était comme un cri de guerre.”
Depuis, Timothée Chalamet s’est acheté une maison à Los Angeles avec un court de tennis, un panier de basket et une table de ping-pong sur laquelle il s’entraîne pour un potentiel nouveau film. “Bien sûr qu’il ne m’a pas échappé que depuis que j’ai fini le tournage de Dune 2, j’ai uniquement tourné dans des publicités pour des entreprises milliardaires qui satirent une certaine version de ma vie.” L’acteur a bel et bien la sagesse des anciens.
