Selon une étude, les préjugés racistes ont la dent dure dans les commentaires sportifs

Selon une étude, les préjugés racistes ont la dent dure dans les commentaires sportifs

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© Michael Regan/UEFA via Getty Images

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Par Lisa Drian

Publié le

Les conclusions tirées font froid dans le dos.

Le racisme n’épargne aucune couche de la société, aucune profession et gangrène le milieu sportif. Propos inappropriés, préjugés raciaux, les commentateurs européens de football mènent la vie dure aux joueurs. Une étude dirigée par l’institut d’études danois RunRepeat et publiée par la Professional Footballers Association (PFA) – le syndicat des joueurs d’Angleterre et du Pays de Galles – démontre clairement que les journalistes sportifs ne décrivent pas de la même façon les joueurs, selon leur couleur de peau.


Les chercheurs se sont penchés sur plus de 2 000 propos de commentateurs qui concernent 643 joueurs, répartis sur 80 matches de la saison en cours. Le tout dans quatre championnats européens : la Premier League, la Serie A, la Liga et la Ligue 1. Les commentateurs auraient tendance à distinguer les joueurs blancs pour leur intelligence, leurs qualités techniques et leur polyvalence tandis qu’ils sont plus susceptibles de critiquer les joueurs noirs pour l’absence de ces attributs. Et le verdict est sans appel pour ce qui est des qualités physiques : les joueurs à la peau plus foncée remportent tous les mérites. L’intelligence pour les uns, la puissance pour les autres. Le cerveau contre les muscles. 
Plus précisément, les footballeurs de couleur ont quatre fois plus de chance de voir leurs forces remises en cause que celles de leurs coéquipiers blancs, tandis qu’ils sont sept fois plus susceptibles d’être félicités pour leur vitesse. Pas de doute, les stéréotypes sont encore bien ancrés dans la tradition sportive. 

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“Les joueurs ayant un teint clair devraient recevoir la même proportion de commentaires concernant, par exemple, leur intelligence ou leur éthique de travail que les joueurs ayant un teint plus foncé. Le fait que ce ne soit pas le cas sur un échantillon important indique qu’il y a un biais dans la façon dont les médias parlent des joueurs en fonction de la couleur de leur peau”, regrettent les auteurs du rapport, comme le rappellent nos confrères du Monde. 

Après la parution de l’enquête, les syndicats, la Premier League et la Ligue anglaise de football se sont mobilisés. Un programme pour augmenter le nombre d’anciens joueurs noirs, asiatiques et issus d’autres minorités ethniques parmi les entraîneurs va être lancé. Selon un récent sondage de la BBC, seulement six des 91 manageurs des quatre premières divisions anglaises ne sont pas des hommes blancs.