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Le jour où le football m’a (encore) rendu terriblement triste

Le jour où le football m’a (encore) rendu terriblement triste

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© Marco Bertorello/AFP

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Par Robin Panfili

Publié le

En quittant la Juventus en larmes, Paulo Dybala avait le cœur brisé. Et le mien l’était encore plus.

Il y a très longtemps, Alessandro Del Piero faisait ses adieux à la Juventus en quittant la pelouse les larmes aux yeux. Je m’en souviens comme si c’était hier, tant le moment m’avait percé le cœur. J’étais jeune, déjà supporter de la Juventus, et je n’arrivais pas à trouver quelconque moyen de me consoler. Il y a quelques jours, j’ai vécu une scène similaire en voyant Paulo Dybala quitter le terrain, en larmes, visage rougi par le désespoir.

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Cela faisait longtemps que le football ne m’avait pas rendu aussi triste. Pourtant, j’en ai connu, des déceptions, des désillusions et des désastres. On a perdu des finales de Ligue des champions à répétition, on a humilié Alessandro Del Piero, l’une de nos idoles, en le poussant vers la sortie… Mais le départ de Paulo Dybala a quelque chose de spécial, un je-ne-sais-quoi autrement douloureux.

Il faut dire qu’il était notre phare, notre plus grand espoir et l’un des symboles de la Juventus de ces dernières années. Il devait devenir notre nouvelle idole, après avoir porté le numéro 21 de nos légendes (Zinédine Zidane, Lilian Thuram et Andrea Pirlo), puis le numéro 10. Il devait être notre bandiera, notre prince, celui qui resterait jusqu’à la toute fin, comme Giorgio Chiellini qui clôturait, ce même soir, sa carrière à la Vieille Dame. Il devait être notre monument, celui dont on se souviendrait toujours pour avoir donné sa vie pour le club. Mais rien de tout cela, ou presque, n’est arrivé.

Paulo Dybala est parti, laissant les fidèles et une génération de jeunes supporters orphelins. Avec le recul, il n’a pas réussi à devenir vraiment la légende que l’on voyait tous en lui. Trop de blessures, trop de presque, et peut-être trop d’à peu près ont eu raison du joueur romantique qu’il aurait dû incarner. Mais le pire ne se joue peut-être pas tant dans le départ que dans la manière dont les choses se sont terminées.

Aujourd’hui, personne ne sait vraiment ce qu’il s’est passé. Personne ne sait vraiment à qui en vouloir et sur qui rejeter la faute. Paulo Dybala et son agent ont-ils été trop gourmands ? La direction de la Juventus a-t-elle choisi la voie de la raison et de la stratégie, préférant le pragmatisme au romantisme ? À qui la faute, au juste ? À celui qui a fait traîner les négociations pour une prolongation de contrat pendant des mois, voire des années, ou à la Juventus qui a préféré miser son avenir sur l’arrivée d’un autre joueur ? Les supporters de la Juventus, comme moi, sont tous partagés.

Un sentiment doux-amer encore plus encombrant lorsqu’on voit les départs récents, et les lourds sacrifices, de Giorgio Chiellini, Gianluigi Buffon ou Andrea Barzagli. Paulo Dybala n’avait certes pas le même âge, et donc les mêmes motivations, mais avait-il, au fond de lui, le même amour pour la Juventus ?

Il y a quelques années, j’écrivais cet article qui évoquait la manière dont le football italien avait du mal à rendre hommage à ses héros. De Paolo Maldini ou Andrea Pirlo à Milan à Francesco Totti à la Roma, le romantisme à l’italienne a pris du plomb dans l’aile. Parce que la passion, si chère aux supporters, ne fait jamais bon ménage avec les affaires. Mais au final, qu’est-ce que le football sinon de l’euphorie invariablement chassée par la mélancolie ?