En images : l’incroyable tour du monde de Caio Vilela, le photographe du street foot

En images : l’incroyable tour du monde de Caio Vilela, le photographe du street foot

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Par Max Raby

Publié le

“J’étais à Yazd, au centre du pays, quand j’ai pris par hasard une photo de gosses se dribblant à côté d’une façade sublime à l’architecture islamique et largement emblématique de cette ville. L’image a été publiée dans le magazine aérien Brazillian Airlines pour illustrer une interview avec un gars de la FIFA qui était, à l’époque, responsable de l’élévation du drapeau du football comme symbole de paix. J’ai alors eu une étincelle et l’idée m’est venue de garder mes yeux grands ouverts afin de capturer chaque scène de foot de rue se produisant à côté d’un lieu symbolique, d’un paysage urbain ou naturel.”

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“Le foot, un outil pour la paix et l’union entre les cultures et les nations”

Alors que des violences entachent régulièrement le foot professionnel européen et sud-américain en tribunes comme sur le terrain, ces clichés bourrés d’innocence viennent adoucir le constat et soulignent l’aspect humaniste de ce sport, à condition qu’il ne dépasse pas le stade du hobby pour rejoindre celui du lobby.

“Ce football que je capture, loin de l’industrie du sport et de la pression de l’argent, est un outil pour la paix et un instrument d’union entre les cultures et les nations. Vous n’avez pas à parler la langue. Un contact visuel, une passe bien distillée ou un geste technique suffisent à communiquer et suscitent des moments épiques. Vous partagez alors une joie commune et rassemblez autour de vous. Le foot crée naturellement des valeurs authentiques telles que l’union, la camaraderie, la solidarité, l’amitié, la complicité, l’esprit d’équipe et la réciprocité.”

“Au Yémen, 60 % de la population a moins de 14 ans. C’est un pays très pauvre et, lorsque vous marchez dans les rues de n’importe quelle ville, vous trouvez des enfants jouant partout ; et vous devez faire face à des situations terriblement étranges. Je me souviens d’un match joué sur le fond sablonneux d’un lit de rivière sec à Shibam, ville sur laquelle Al-Qaïda se concentrait. Malgré tout, l’atmosphère était si joviale et détendue, ils se dribblaient en futah, un costume traditionnel.”

“Le foot peut être une maladie et un médicament”

Au fil de son tour du monde, cet aventurier hors norme a pu peaufiner son analyse sociologique du football en se liant notamment avec des initiateurs de projets humanitaires (Street Football World) qui visent à utiliser le football comme un moyen d’intégration sociale pour les enfants en difficulté. C’est ce côté si noble et thérapeutique du sport le plus pratiqué au monde qui se dégage de son trip photographique. Même si selon lui, la réalité est parfois diamétralement opposée :

“Le foot peut être une maladie et un médicament, il peut rendre les gens aveugles et violents lorsqu’ils tombent dans le fanatisme en tribunes ou se prennent trop au sérieux sur le terrain. C’est le côté que je n’aime pas, que je ne veux pas photographier. Force obscure à part, le foot peut être joué aussi pour le plaisir, spontanément, de façon improvisée, il permet de tisser des liens forts d’amitié et se présente comme un exutoire formidable pour des jeunes au quotidien morose. Le foot fait briller.”

“Dans un avenir proche, l’un d’entre eux commencera probablement à travailler et arrêtera de jouer. Ils grandiront tous. Peut-être que certains continueront à taquiner le ballon ensemble pendant encore quelques années. Peut-être qu’un ou deux embrasseront une carrière de footballeur professionnel. Imaginez combien de buts brillants Tostão, Pelé, Zico ou Ronaldo ont dû marquer, enfants, sur des terrains poussiéreux, sans caméras de télévision comme témoins de l’instant. Avec ces gosses, je remédie à cela en enregistrant leurs coups d’éclat !”

“Le livre de Caio m’a fait remonter dans le temps. J’ai voyagé à Bahia, où nous jouions (avec mes amis) sur la plage. La marée était si haute qu’elle envahissait notre terrain en mettant un terme à la partie. Mais personne ne s’en souciait vraiment. Nous étions heureux de donner du repos au ballon pour un bon bain. C’était le vrai jeu. Un football sans engagement, sans argent, sans presse. C’était pur, c’était le bonheur. Certains de mes buts étaient peut être encore plus beaux que ceux que j’ai marqués contre la Nouvelle-Zélande lors de la Coupe du monde 1982. Je me souviens de toutes ces vraies émotions et de tous ces matchs que j’ai joués durant mon enfance. Ma période de football de rue était la meilleure. Le bon vieux temps.” (Extrait de Futebol-Arte)

Tout est dit. Prochaine étape pour Caio Vilela, la Russie et sa jeunesse fada de “vrai” football.