Portrait de Quique Setién, l’entraîneur qui doit ramener le beau jeu au Barça

Portrait de Quique Setién, l’entraîneur qui doit ramener le beau jeu au Barça

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BARCELONA, SPAIN – JANUARY 14: FC Barcelona Head Coach Quique Setien sits on the bench and poses for the media as he is unveiled as new FC Barcelona Coach at Camp Nou on January 14, 2020 in Barcelona, Spain. (Photo by Alex Caparros/Getty Images)

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Par Abdallah Soidri

Publié le

Quique Setién débarque à la tête du FC Barcelone. Une bonne nouvelle pour le club ? Éléments de réponse.

C’était dans l’air et c’est devenu officiel ce lundi soir : Ernesto Valverde n’est plus l’entraîneur du FC Barcelone. À peine le départ de son coach entériné, le club catalan n’a pas attendu pour annoncer le nom de son remplaçant. Et l’heureux élu se nomme Quique Setién, ancien de Las Palmas et du Bétis Séville. Quasi inconnu du grand public, le technicien espagnol va avoir la lourde tâche de concilier beau jeu et résultats, après deux saisons marquées par le pragmatisme de Valverde. Pour nous éclairer sur les missions qui attendent le nouvel entraîneur barcelonais, nous avons interrogé deux experts de tactique et suiveurs du foot espagnol.
L’une des premières interrogations qui se pose, c’est la capacité de Quique Setién à réussir au Barça, alors qu’il n’a aucune expérience dans un top club européen. Pour Elton Mokolo, journaliste pour Winamax TV et le Club des 5, il n’y a pas d’inquiétude à avoir sur ce plan :

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“Depuis une vingtaine d’années, le Barça n’a pas la réputation d’engager des entraîneurs avec un certain pedigree. Il recrute surtout une idée avant un nom. Et Setién s’inscrit dans ce mouvement là. Les trois derniers coachs qui ont gagné la Ligue des champions à Barcelone, Rijkaard, Guardiola et Luis Enrique, n’avaient pas une réputation significative avant de signer au Barça. Le fait de ne pas être un nom reconnu n’est pas un obstacle dans ce club. En 2020, on a tendance à croire que la sécurité, c’est de recruter un entraîneur qui a fait ses preuves.


D’autant plus que le néo-barcelonais part avec un avantage, celui d’être un adepte de la philosophie de Johan Cruyff, grand architecte du FC Barcelone moderne. Partisan d’un jeu court et de possession, Setién a appliqué sa doctrine dans tous les clubs où il est passé, comme à Las Palmas ou au Betis Séville. “Sur sa dernière saison [au Betis], plusieurs fois, ses équipes ont été plus barcelonaises que le Barça lui-même”, analyse Christophe Kuchly, journaliste et co-auteur de l’ouvrage L’Odyssée du 10. Mais il met en garde contre un excès de dogmatisme :

“Là où je m’interroge vraiment, c’est de savoir s’il n’est pas trop barcelonais. À savoir, s’il n’est pas trop idéaliste dans sa vision du foot. Est-ce que c’est compatible avec le foot en 2020, qui est bien différent de celui de 2012/2013 ? Est-ce que ça ne risque pas d’être compliqué de rivaliser face à des équipes comme Liverpool, qui mettent beaucoup d’intensité dans les courses ? Parce que sans ballon, il y a un truc très intéressant au niveau du pressing, très haut, avec une récupération dans les zones dangereuses. Mais quand il sera cassé, face à des équipes comme Liverpool ou autres, est-ce que ce sera viable ? C’est une vraie question qui se pose.

L’autre grosse interrogation autour de Quique Setién réside dans sa capacité à gérer un vestiaire aussi gros que celui du Barça. Il n’a jamais complètement perdu ses groupes mais il n’a pas eu d’énormes ego à gérer, précise Christophe Kuchly. Les seuls qu’il a eus à gérer, c’était ceux de joueurs à la relance comme Kevin-Prince Boateng à Las Palmas, qui y a peut-être réalisé la meilleure saison de sa carrière”. Car, si la tactique est importante, le management d’un effectif aussi qualitatif que celui des Blaugrana l’est tout autant, comme l’explique Elton Mokolo :

Il sera attendu parce qu’il arrive dans un vestiaire important. Le fait d’avoir un CV limité pourrait être discriminant, mais des joueurs actuels comme Busquets et Lionel Messi ont tenu des éloges en public sur lui. Ça peut l’aider à s’installer, mais il devra prouver rapidement. Certes le Barça est très axé sur le jeu, mais l’idée première est de gagner. Et il est attendu là, dans sa capacité à faire adhérer beaucoup de monde à son idée.


Les premiers éléments de réponse vont arriver très vite, ce dimanche pour être précis, date du prochain match du FC Barcelone, contre Grenade. Mais il ne faut pas s’attendre à une révolution immédiate de la part du nouveau coach, même si les changements devraient être visibles assez rapidement selon Christophe Kuchly : Je n’imagine pas de période de transition extrêmement longue. Sur le style de jeu, ça peut gagner 5 à 10 % de possession.” Il s’interroge toutefois sur les résultats à court-terme :

“La vraie question, c’est de savoir si cela va s’accompagner de résultats. Sur ce point, je suis plus incertain. Les contre-performances comme contre Grenade vont se raréfier, mais en championnat contre le Real ou en Ligue des champions contre Liverpool ou City, je suis plus incertain.

Car si la philosophie de jeu de Setién est compatible avec l’ADN barcelonais, il faut qu’elle soit accompagnée sur le long terme d’une vraie politique sportive à la tête du club. Un son de cloche que partage Elton Mokolo :

“Quand tu recrutes Quique Setién, il faut qu’il y ait un projet qui l’accompagne. Il ne peut pas arriver tout seul et révolutionner le Barça. De la manière dont le FC Barcelone va l’accompagner va dépendre la viabilité du projet et les succès futurs du club.”