“On peut réussir Koh-Lanta sans aller au bout” : entretien avec Clémence, la double gagnante

“On peut réussir Koh-Lanta sans aller au bout” : entretien avec Clémence, la double gagnante

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Par Abdallah Soidri

Publié le

Malgré son élimination, Clémence, la seule double gagnante de l’histoire de Koh-Lanta, est "fière de son aventure".

Clémence est arrivée dans ce Koh-Lanta, la légende avec un statut unique. En effet, c’est la seule candidate de l’histoire du jeu à l’avoir remporté deux fois. Un palmarès qui en impose, mais qui l’a suivie lors de cette aventure comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Malgré une “élimination prématurée”, elle n’éprouve “aucun regret”. La candidate revient sur son aventure avec le même calme et la même sérénité affichés lors de cette édition. Entretien.

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Konbini sports | Tu as hésité à revenir quand on t’a proposé de participer à Koh-Lanta, la légende ?

Clémence | J’avais dit en 2018 que ce serait mon dernier Koh-Lanta et que j’arrêterais sur une victoire. Quand la production m’a appelée et m’a présenté cette aventure comme étant celle des 20 ans, avec les plus grands aventuriers, je me suis dit que je devais y participer. Sinon, j’allais le regretter. Le regret est un sentiment que je déteste, donc pour ne pas le ressentir, il fallait que je sois là et que je joue comme j’en avais envie.

Tu t’attendais à ce que ton palmarès te porte autant préjudice et fasse de toi une cible récurrente lors des conseils ?

Je m’y attendais, mais pas aussi tôt. Je me suis aperçue dès le premier jour que ce serait la raison d’un vote contre moi. Il a fallu composer avec ça, mais malgré cette donnée, j’ai essayé de faire au mieux, de m’adapter et de sortir mon épingle du jeu, tout en restant moi-même. Je me suis donné des limites dans la stratégie et j’ai respecté ma ligne de conduite définie au départ. Au final, je suis fière de cette aventure, même si je ne suis pas allée au bout. Je reste persuadée qu’on peut réussir son Koh-Lanta sans aller au bout.

Tu as montré une grande dignité lors de cette aventure, avec jamais un mot plus haut que l’autre, même quand tu as été éliminée. Ça fait partie de la ligne de conduite que tu t’étais fixée ?

Même si on donne son maximum pour rester le plus longtemps possible, je n’ai jamais oublié que c’était un jeu. Ma compagne, mes enfants et mon travail sont ce qu’il y a de plus important à mes yeux, et ils m’ont permis de rester calme. J’ai aussi essayé de prendre des décisions justifiées et réfléchies. Donc même quand on m’a attaquée (Coumba qui m’a reçue de manière assez froide sur l’île des bannis), je n’avais pas à m’énerver. La meilleure réponse est de rester calme et d’expliquer ce que j’ai pu faire. J’ai pu me sentir trahie et j’ai été déçue parfois, mais les explications valent toujours mieux que la colère.

“J’ai toujours eu à cœur de respecter ma parole”

À quel point c’est difficile de garder en tête que Koh-Lanta n’est qu’un jeu ?

Il faut que les téléspectateurs soient indulgents avec les candidats de Koh-Lanta, et n’oublient pas que nous sommes dans des conditions difficiles, ce qui justifie parfois certaines réactions et comportements. J’en suis à mon quatrième Koh-Lanta, et peut-être que je n’aurais pas réagi de la même manière qu’aujourd’hui à certaines paroles et certains votes quand j’avais 20 ans.

Quelles différences vois-tu entre la Clémence qui participe à son premier Koh-Lanta et celle de l’édition des légendes ?

Il y a une ligne directrice : j’ai toujours essayé de rester moi-même en fonction de mon état d’esprit du moment. Je ne suis pas la même à 36 ans et à 20 ans. Donner un sens et une valeur à sa parole, ça ne m’a jamais quittée. À chaque fois que je me suis engagée dans des stratégies et des alliances, j’ai toujours eu à cœur de respecter ma parole sans revenir dessus – sauf si on me la met à l’envers entre-temps, là, ça rebat les cartes.

Les prises de position que j’ai eues dans ce Koh-Lanta, je n’aurais pas eu assez confiance en moi pour les avoir à 20 ans. C’est aussi pour ça que j’y suis allée, pour m’affirmer davantage et montrer qu’on n’a pas besoin de suivre quiconque pour avancer. Tout le contraire de mes précédentes aventures, où j’étais plus suiveuse dans la stratégie, ce qui est aussi un bon moyen de gagner [rires]. J’ai mûri et grandi grâce à Koh-Lanta. Je ne serais pas la même si je n’avais pas participé à l’aventure. C’est plus qu’une émission de télé pour moi.

Sur ce Koh-Lanta, il y a beaucoup de candidats qui sont devenus parents depuis leur dernière participation, ce qui a eu l’air de beaucoup les atteindre par moments. À quel point la parentalité pèse quand on décide de revenir dans le jeu ?

Effectivement, quand j’avais 20 ans, je n’avais personne et je me souciais moins de mon entourage – même si j’ai eu des prises de conscience sur place, en me rendant compte à quel point ma famille proche était indispensable dans ma vie. C’est sûr que vivre avec quelqu’un et avoir un enfant rend la décision de partir encore plus difficile, parce qu’on laisse ces personnes sur place sans avoir de leurs nouvelles pendant un mois et demi. Mais sur place, je transformais cette absence en force. Ça m’est arrivé deux fois d’aller à Koh-Lanta en quittant mes enfants. Mais je les quitte pour faire une belle aventure, pour que ça me serve et qu’ils soient fiers de me regarder à la télé. Je me suis raccrochée à ça plusieurs fois pour dépasser les difficultés et ne pas baisser les bras. C’est un sacrifice, mais je ne le fais pas pour rien.

“Une victoire dans ce ‘Koh-Lanta’ vaut trois victoires dans un ‘Koh-Lanta’ classique”

Qui sont tes coups de cœur sur cette édition ?

La simplicité et la force d’Ugo m’ont beaucoup touchée. J’étais admirative. Il n’a pas eu une aventure facile, et il a trouvé la force de caractère pour revenir, passer toutes les épreuves sur l’île des bannis, résister sur place dans des conditions très difficiles, revenir en gardant la tête froide et gagner des immunités tout en restant humble et simple.

Qu’aimerais-tu que les gens retiennent de ton Koh-Lanta ?

J’avais envie de montrer que je pouvais avoir un avis et l’exposer. Dans mes précédentes aventures, je restais plus discrète, car ce n’était pas bénéfique pour moi stratégiquement, et on me l’a reproché. Mais ce n’est pas pour autant que je n’avais pas d’avis sur ce qu’il se passait.

Je voulais aussi gagner des épreuves et je suis très fière de ça. Je n’ai pas volé mes victoires. J’étais à ma place dans ce Koh-Lanta, avec une élimination prématurée, certes, mais je n’ai aucun regret.

Pour finir sur une note légère, parlons de ta victoire sur l’épreuve d’apnée, avec ces images de toi sous l’eau, qui n’entends même pas Denis dire que tu as gagné. Tu peux nous en parler ?

C’est une épreuve où il faut vraiment garder son calme, c’est ce qui fait la différence. La méditation m’a beaucoup aidée, donc avant de faire l’effort physique d’entrer en apnée, il y a 30 à 45 minutes – environ, car on n’avait pas de montre – lors desquelles on est sous cette échelle, à devoir gérer son angoisse et son corps qui doit être relâché. Je pense que j’ai tiré mon épingle du jeu sur cette épreuve grâce à mon calme.

Ça reste des images drôles, je me les suis repassées en boucle parce que c’est un de mes plus beaux souvenirs de cette édition [rires]. J’étais contente de gagner une épreuve d’immunité face à des légendes comme Claude, Teheiura, Jade ou Laurent. Une victoire d’immunité dans ce Koh-Lanta vaut trois victoires dans un Koh-Lanta classique.