“Le meilleur souvenir, c’est de loin France-Allemagne” : entretien avec Mickaël Busson, le CM des Bleus

“Le meilleur souvenir, c’est de loin France-Allemagne” : entretien avec Mickaël Busson, le CM des Bleus

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Équipe de France – Twitter EDF

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Par Lucie Bacon

Publié le

L’Équipe de France est énormément suivie sur les réseaux sociaux. Alors la gestion de ses comptes, surtout pendant les grandes compétitions, est primordiale et très observée. On en parle avec celui qui a la pression pendant ces moments : Mickaël Busson, responsable du social media de la FFF.
Pendant l’Euro, Mickaël Busson vous a entre autres permis de suivre au plus près l’aventure des Bleus. Il est responsable social media de la Fédération Française de Football et il gère donc les différentes publications sur les réseaux sociaux de la FFF.
Après s’être occupé de la politique de la formation de la fédé, Mickaël est devenu son social media manager en 2014, un rôle complètement différent mais qu’il explique par son parcours en droit et économie du sport et son passé de journaliste à Ouest-France.
Il a accepté de nous raconter comment il avait vécu l’Euro de l’intérieur, sans jamais vraiment côtoyer les joueurs, mais en faisant tout pour raconter au mieux leur quotidien et leurs prouesses.

Un mois après l’Euro, as-tu pu récupérer toutes les heures de sommeil perdues pendant la compétition ?
(Rires) Non ! Pas vraiment… Mais suivre ce genre de compétition, ça se fait très facilement. Quand tu es passionné de foot, tu as la conviction de vivre quelque chose d’assez exceptionnel, tu es pris par la passion et l’adrénaline des matches. C’est un peu tout ça qui t’anime, avec le fait de proposer des contenus qui plaisent aux gens et avec lesquels ils interagissent. C’est toujours motivant de voir leurs réactions.
Quel meilleur souvenir gardes-tu de la compétition ?
De loin, le France-Allemagne au Vélodrome. Les Bleus étaient en difficulté, ils faisaient le dos rond, ils luttaient, il y avait une ambiance indescriptible dans le stade. Et il y avait cette confiance quand même aussi : au début du match, tu te dis que c’est difficile, et en fait tu es touché par une bonne étoile et tu sais que tu vas aller en finale.

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“Tu sais que le but d’Eder c’est la sanction et que ça va être difficile de se relever”

Et le pire ?
Le but d’Eder. Avant le match, on s’est organisé pour que tout soit superbe, sur les réseaux on était prêts, on avait bossé comme des malades pour pouvoir couvrir au mieux une éventuelle finale, et c’est vrai qu’en voyant la tournure de la finale, le rythme, tu sens que le match va t’échapper. Tu sais que le but c’est la sanction et que ça va être difficile de se relever.
Tu te souviens de ta réaction lors du but d’Eder ? C’est toi qui l’as annoncé sur les réseaux sociaux ? 
Non, c’était un autre community manager, il y en avait deux sur chaque match, plus un autre pour la version anglaise sur Facebook. Nous on est là pour qu’il y ait de l’engagement, pour que les gens communiquent et sur un moment pareil, on n’a pas le droit d’être abattus, on doit dire “on y retourne, c’est jamais terminé, il faut repartir”.


On était dans ce ton-là, le but ok, mais il n’y a rien qui est fini, même si au fond de toi tu n’as pas la certitude d’y arriver, il ne faut pas le laisser transparaître. On doit laisser très peu de place à l’émotion, il ne faut pas s’emporter.

Explique-moi comment vous étiez organisés pendant l’Euro, comment vous vous partagiez les tâches ?
On a une équipe avec des journalistes reporters d’images directement intégrés au staff de l’Équipe de France et nous, au social media, on travaille sur toutes les images pour répartir les publications. Moi je ne suis donc pas dans le staff tous les jours mais Guillaume Bigot, notre JRI, suit les Bleus partout. En revanche on était présents sur tous les matches pour les couvrir au plus près.
C’était quoi ta journée type pendant l’Euro ?
Pendant la nuit j’avais beaucoup d’échanges avec Guillaume Bigot qui était avec l’Équipe de France, puis le matin on réceptionnait tous les contenus. Ensuite on organisait les journées pour toutes les plateformes et pour que le JRI s’organise aussi sur le terrain et qu’il anticipe ce qu’il allait faire. Après c’est aussi de l’adaptation, il y a des choses qui sont exceptionnelles et qui deviennent des perles, comme les contenus avec des joueurs avec qui on passe une journée. Ils jouent le jeu, ils sont ouverts. Dans ce cas, ton planning tu le chamboules.

Y a-t-il un tweet ou une publication dont tu es le plus fier ? 
Pendant l’Euro, pas forcément. C’est plutôt le traitement général du match contre l’Allemagne, où on avait préparé beaucoup de contenus, des gifs, des stats, qui était bien. Il y avait le côté fun mais aussi institutionnel.
Et le plus gros fail ?
On n’en a pas eu beaucoup ! Ça nous est arrivé d’inverser un score dans l’annonce d’un match où l’adversaire se met à mener mais on a vite rectifié !
On imagine que les supporters de l’Équipe de France sont plutôt cool sur les réseaux, non ? Ou vous vous faites quand même troller ?
C’est une communauté qu’on connaît, ils sont très engagés, plus que pour un club comme Paris ou Marseille. Les sujets autour de l’Équipe de France sont toujours très discutés sur les réseaux. Il n’y a jamais de mauvaises intentions, on le ressent comme ça, certains peuvent toujours critiquer mais honnêtement on n’est pas trop embêtés. Parfois, c’est LeKouss ou Philousports qui se moquent un peu mais ça nous fait rire, c’est de bonne guerre, on ne part pas en croisade contre ce genre d’usage.

Vous n’avez pas envie de retweeter parfois, si ça vous fait rire et si ça reste correct ? 
Ce n’est pas qu’on ne peut pas se le permettre, mais Twitter reste un moyen de communication, de développer l’image de l’Équipe de France, on a des limites. En revanche, on ne doit pas non plus tomber dans de la propagande, on est devenu un média avec une communauté de près de 10 millions de fans, donc forcément on ne peut plus parler comme si on était un organe politique, on doit proposer du contenu qui plaît, qui divertit, qui informe.
Est-ce que tu as envie de chambrer parfois ?
J’ai juste eu envie de chambrer la fédé portugaise lorsqu’elle nous a félicité pour avoir remporté le tournoi U19, mais la plaie de la finale de l’Euro était encore ouverte.

De qui vous inspirez-vous ? Les Anglos-Saxons sur les réseaux sociaux sportifs sont très forts …
Bien sûr, forcément en terme de contenu ce que font les organisations américaines, comme les franchises NBA c’est très qualitatif. Après on n’a pas à rougir de notre production qui est assez bonne, elle s’est améliorée, on s’adapte en permanence, mais c’est vrai qu’il y a des clubs, même en France, qui font des choses bien. Le parti pris de Toulouse est excellent par exemple.
Est-ce que des joueurs viennent parfois te demander des conseils pour leur compte Twitter ? Et est-ce que c’est quelque chose que tu aimerais faire, tweeter directement pour les joueurs, plus tard ?
Non, ils se débrouillent très bien ! Et je n’aimerais pas forcément le faire, je suis très bien à la fédé, surtout après ce qu’on a vécu au mois de juin. On parle à tout le monde, il n’y a pas trop de chauvinisme, on n’a pas à faire de différences entre les supporters…

“Griezmann sur ses réseaux sociaux, c’est un juste milieu entre le sportif et le fun”

T’en penses quoi en général des comptes Twitter des joueurs ? Ils sont de moins en moins personnels, de plus en plus attribués à des marques ?
Il faut comprendre certains joueurs, certains ont eu des maladresses, d’autres ont pris peur… Ils savent que ça peut intéresser les partenaires et les sponsors, ils doivent développer leur audience.

Ouuuuueeeeee C BOOON !!!! #GriziVak

Une vidéo publiée par Antoine Griezmann (@antogriezmann) le


On aperçoit ceux qui sont les plus doués : ils sont spontanés, habiles, ça leur permet de communiquer. Si on prend l’exemple de Griezmann c’est intéressant ce qu’il fait, c’est un juste milieu entre le sportif et le fun.
Prochaine étape pour vous ? 
Un amical en Italie en septembre, et après on commence les qualifications pour la Coupe du Monde ! Des matches à enjeu, c’est stimulant !