Le jour où les larmes de Miralem Pjanic ont permis à sa famille de fuir la guerre en Bosnie

Le jour où les larmes de Miralem Pjanic ont permis à sa famille de fuir la guerre en Bosnie

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during the FIFA 2014 World Cup Qualifying Group G match between Slovakia and Bosnia-Herzegovina at the MSK Zilina stadium on September 10, 2013 in Zilina, Slovakia.

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Par Julien Choquet

Publié le

“J’ai commencé à pleurer, sans m’arrêter.”
Lorsque Miralem Pjanic naît le 2 avril 1990 à Tuzla, la Bosnie-Herzégovine s’apprête à vivre l’enfer. Fahrudin Pjanic, le père de Miralem, est alors joueur du FK Drina Zvornik, en troisième division. Fort de ses nombreux voyages avec l’équipe, il se rend compte que le climat social et politique sur place est plus que tendu, et décide, pour le bien de sa famille, de quitter le pays.
Dans une interview pour le Guardiandans laquelle Miralem Pjanic est longuement revenu sur son passé, le joueur de la Juventus raconte :  

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“Mon père était un milieu de terrain, comme moi. Il était plutôt bon, je l’ai remarqué en grandissant, lorsque j’allais le voir au stade. Il n’a pas eu la chance de passer un palier et d’avoir une vraie carrière, mais il a fait ce qu’il a pu. Son objectif avant tout, c’était de quitter le pays, là où sa famille était en danger. Le football n’était plus la chose la plus importante de sa vie.” 


Fahrudin Pjanic trouve un deal avec un club semi-professionnel luxembourgeois, qui lui offre un contrat à mi-temps en plus de l’aider à trouver un petit boulot à côté. L’opportunité semble parfaite pour la famille Pjanic, mais un problème existe : le club de Zvornik refuse de libérer Fahrudin, qui ne peut donc pas quitter définitivement le pays. 
À plusieurs reprises, il tente de convaincre le club, qui ne veut rien entendre. C’est finalement sa femme, désespérée, qui prend l’initiative d’aller discuter, accompagnée de son bébé. Le discours ne change pas : Fahrudin ne sera pas libéré par le club. Après de longues minutes de négociation, le petit Miralem rentre alors dans une colère noire. Des larmes, qui vont sauver la famille Pjanic : 

“Ma mère voulait absolument qu’on parte, mais le club continuait de refuser de libérer mon père. J’ai commencé à pleurer, sans m’arrêter. Ça a tellement énervé la secrétaire qu’elle a fini par dire ‘d’accord, je vous signe le papier pour l’enfant.'”


Quelques mois avant le début de la guerre de Bosnie-Herzégovine, les Pjanic partent donc direction le Luxembourg, où Miralem grandit jusqu’à ses 14 ans et son départ au centre de formation du FC Metz. Une famille soudée, véritable modèle pour le joueur de la Juve : 

“Mes parents étaient très jeunes quand nous sommes partis de Bosnie. À 20 ans, ils ont débarqué dans ce nouveau pays avec trois valises, un enfant, et sans parler la langue. Ils ont tout recommencé de zéro, et ont réussi à nous offrir une belle vie de famille. C’est inspirant. Aujourd’hui, ils vivent d’ailleurs toujours au Luxembourg, avec ma sœur et mon frère. Mes parents sont un exemple pour moi.”