Cantona, Henry, Balotelli : ces joueurs qui eux non plus n’aimaient pas célébrer

Cantona, Henry, Balotelli : ces joueurs qui eux non plus n’aimaient pas célébrer

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France’s Paul Pogba (C) is congratulated by teammates after scoring a goal during the FIFA World Cup 2018 qualifying football match Netherlands vs France on October 10, 2016 at the Amsterdam Arena in Amsterdam. / AFP PHOTO / EMMANUEL DUNAND

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Par Julien Choquet

Publié le

Lundi soir, la “célébration” de Paul Pogba a fait énormément parler. Arrogance pour certains, mal-être et désir de vengeance pour d’autres : les théories ont fusé au coup de sifflet final. 
Si Pogba ne nous a pas habitués à ce type de célébration par le passé, il semble aujourd’hui avoir rejoint un cercle assez fermé de joueurs qui ne ressentent pas le besoin d’exulter ou de partager leur bonheur après un but. Une réaction qui peut paraître arrogante ou/et égocentrique à première vue, mais qui est loin d’être le cas si on regarde de plus près différents exemples.

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Éric Cantona

Lorsque l’on observe la célébration de Pogba face aux Pays-Bas, on est obligés de repenser à celle réalisée par Éric Cantona il y a 20 ans. Contre Sunderland, le King marque un but génial et se contente de fixer le public avant que ses coéquipiers ne lui sautent dessus.

Si Cantona a également célébré des buts le sourire aux lèvres (comme chaque joueur que nous allons citer dans cet article), il s’est exprimé à ce sujet sur le site de Goal il y a quelques années. À ses yeux, tout est question de sensibilité à l’instant T :

J’ai rêvé de devenir footballeur, de réaliser de grandes choses et d’exploser de joie après une victoire. Mais tout est en fait spontané. Je n’ai jamais eu d’inscriptions sur mon t-shirt, je n’ai jamais préparé de célébrations. Chaque action est unique, et chaque réaction l’est aussi.

Pas d’arrogance, juste une émotion ressentie et l’envie de célébrer de cette manière. Et cela n’empêche pas d’apprécier la beauté du but, bien au contraire. La preuve : on s’en souvient encore 20 ans plus tard.

Thierry Henry

S’il y a bien un joueur français qui a été critiqué dans le passé pour son manque d’expressions positives, c’est bien Thierry Henry. Le meilleur buteur de l’histoire de l’Équipe de France a très rarement laissé éclater sa joie, hormis lors de son come-back à Arsenal en 2012. La raison ? Son éducation, comme il l’a expliqué dans un reportage d’Enquêtes de Foot sur Canal +.

Je me rappelle d’un match à l’époque où je jouais à Viry-Châtillon. On gagne 6-0, je mets les 6 buts, et comme vous pouvez le penser, j’étais content. Mais à la fin du match, je vois que mon père tirait la tronche. Il était encore bloqué sur un contrôle raté, un centre manqué, un face à face que j’avais loupé. Voilà pourquoi vous m’avez souvent vu sur le terrain avec cette tête d’éternel insatisfait. J’étais content, attention, mais pas satisfait de ce que j’ai fait, parce que je pensais toujours à ce que j’avais raté plutôt que ce que j’avais réussi.


Des propos validés par Raymond Domenech, qui dans une interview pour le journal Le Monde a affirmé qu’il était “difficile pour Henry d’extérioriser ses émotions”. Une éducation qui le force à être exigeant avec lui-même : on est encore une fois ici bien loin du personnage arrogant que tout le monde décrit.

Mario Balotelli

Combien de fois avons-nous vu Mario Balotelli marquer, puis baisser la tête avant de se replacer en marchant ? Si les cas de figure de Thierry Henry et de Cantona étaient faciles à décrypter, celui de Balotelli est plus complexe. Tout le monde se souvient de son explication mythique : “Je ne célèbre pas mes buts parce que c’est mon travail. Vous avez déjà vu un facteur sauter de joie quand il vient de livrer un colis ?”.
Mais une autre anecdote, plus profonde, explique pourquoi Mario Balotelli ne célèbre pas certains buts. À l’image de Pogba, c’est lorsque l’environnement est néfaste qu’il utilise cette carapace pour montrer qu’il est plus fort que les critiques. Exemple le plus marquant : son premier but sous les couleurs avec Liverpool contre Tottenham, après une longue période de disette (à partir de 4min36) :

Il s’était exprimé sur Instagram dans la foulée :

Beau match les gars ! Ce sourire, c’est SEULEMENT pour ceux qui ont toujours cru en moi. Merci <3 et allez Liverpool. Mais maintenant, retournons au travail. Ce soir, c’est déjà du passé. 

Deux sentiments sont exprimés ici : d’un côté une envie de revanche après les critiques, et de l’autre toujours ce côté professionnel, l’air de dire “c’est mon boulot, place au prochain but maintenant“.

Paul Pogba

Pour boucler la boucle, terminons par le cas Pogba. Lorsqu’il évoluait à la Juve, Pogba célébrait ses buts le sourire aux lèvres, à coup de dab ou de chorégraphies avec ses coéquipiers. Depuis son arrivée à Manchester, les critiques ne cessent de pleuvoir et, comme par hasard, il a changé sa manière d’exprimer sa joie. Lorsqu’il marque son premier but sous le maillot des Red Devils face à Leicester, il défie le public du regard…


… tout comme il l’a fait lundi soir sur la pelouse d’Amsterdam.

S’il célébrait avec le sourire auparavant, c’est que tout allait bien. Aujourd’hui, alors que les critiques se focalisent sur lui après son transfert mirobolant cet été, la situation est bien différente. Cette manière de célébrer (car oui, cela reste une célébration) c’est uniquement pour montrer qu’il est toujours là. Et qu’il est prêt pour affronter les défis qu’ils l’attendent, peu importe les dires à son sujet.