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“Jouer à l’Olympia, c’est fou” : entretien avec Rafs0u, joueur professionnel de FIFA

“Jouer à l’Olympia, c’est fou” : entretien avec Rafs0u, joueur professionnel de FIFA

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Par Julien Choquet

Publié le

À l’occasion de la finale de l’Ultimate Qualifier, l’équivalent du championnat de France de FIFA 17, nous avons discuté avec Fouad Fares, plus connu sous le pseudo de “Rafs0u”, joueur professionnel de FIFA 17. 
Le 20 décembre à l’Olympia, à Paris, se tenait la finale de l’Ultimate Qualifier. Les 32 meilleurs joueurs français étaient prêts à défendre les couleurs de leur équipe, après des phases de qualification acharnées. Rafs0u, joueur professionnel indépendant, faisait partie de la fête et nous a accordé un peu de temps entre deux parties, afin de nous parler du statut de joueur professionnel de FIFA 17.


Football Stories | À quel moment as-tu décidé de devenir joueur professionnel ?
Rafs0u | C’était en 2015. Je faisais des petites compétitions organisées sur Facebook, jusqu’à mon premier tournoi “en vrai” à Macon, pour gagner FIFA 16. J’ai gagné facilement en mettant des gros scores, et un mec m’a demandé : “Tu ne fais pas les championnats de France par hasard ?” C’est comme ça que j’ai appris l’existence des compétitions sur FIFA. J’y suis allé pour le fun, et j’ai terminé troisième meilleur joueur de France [rires].
Quel est l’entraînement au quotidien d’un joueur professionnel ? 
Je joue environ deux heures par jour en semaine, ce qui n’est pas énorme. La clé pour se développer en tant que professionnel, c’est d’affronter les meilleurs joueurs du monde, tout simplement. Et c’est là que le mode FUT Champions est intéressant [une compétition online de 40 matches organisée chaque week-end, ndlr].
On rencontre la crème de la crème, et on joue énormément le week-end afin d’avoir les meilleures récompenses possibles. C’est un réel entraînement pour améliorer son jeu, mais c’est surtout intense au niveau du mental de jouer 40 matches en l’espace de trois jours. Ça permet d’être plus fort psychologiquement.
Comment as-tu préparé ce tournoi organisé à l’Olympia ? Ça doit mettre une grosse pression quand même… 
Je suis de nature décontractée, tranquille. C’est une compétition comme une autre. Quand j’étais plus jeune, je faisais des tournois de foot assez relevés, donc ça m’aide pour affronter la pression. Après, jouer à l’Olympia c’est quand même fou : 1 700 personnes attendues, une ovation lors de ma présentation sur scène… Ça fait plaisir, mais c’est quand même bizarre [rires].

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Rafs0u, à gauche, s’est finalement incliné en quarts de finale face au champion du monde, DaXe.

Quelle est la différence principale entre jouer chez soi et jouer en tournoi ?
Chez moi, je suis concentré, mais pas autant que sur scène. Sur scène, tu n’as que la console, et rien d’autre pour te déconcentrer : tu es seul avec ton coach. Il est là, il te répète ce que tu dois faire, c’est à dire aller au bout. Tout se joue sur la concentration, parce que, en termes de niveau, on est tous équivalents.
Tous les joueurs présents à l’Olympia ont un coach. C’est vraiment important ? 
Oh que oui. J’ai fait des performances correctes lors de mes deux premières compétitions sans entraîneur, mais quand Powe, mon coach, est arrivé l’an dernier, ça a tout changé.
Quand je joue seul et que j’encaisse un but, je prends un coup au moral et j’ai beaucoup de mal à m’en remettre. C’est mon plus gros défaut. L’an dernier, j’ai fait l’AcerCup avec lui à mes côtés, et je suis allé en finale contre DaXe, le champion du monde en titre. Et heureusement qu’il était là pendant toute la compétition. Plusieurs fois, j’ai pris un but en début de match, j’avais envie de m’énerver, mais il était là pour me rabâcher que j’étais le meilleur, que j’étais largement au-dessus de mes adversaires. Du coup, tu oublies les conséquences, tu joues, et tu reviens dans le match comme par magie [rires].

“L’importance d’un coach dans ce genre de moment, c’est inestimable”

C’est purement psychologique ? 
Oui. C’est bon pour mon mental, mais aussi mauvais pour celui de mon adversaire. Il fait partie intégrante de mon équipe, il est à 100 % dans le match. C’est une question de vice. Par exemple, si je marque, l’adversaire s’énerve. Là, le coach va crier bien fort “c’est bon t’as gagné, il craque complètement“, histoire que mon adversaire l’entende. Du coup, il s’énerve encore plus et sort de son match. Ça arrive souvent, et c’est là toute l’importance d’un coach en tournoi.


Quand on te voit jouer, on remarque que ton coach est constamment en train de te parler, à quelques centimètres de toi. Ce n’est pas énervant parfois ?
Je ne vais pas te dire que ça ne me saoule pas parfois [rires]. Mais, au fond, je sais que c’est pour mon bien. Encore un exemple, sur le premier match que j’ai joué aujourd’hui à l’Olympia [l’interview a été réalisée après la phase de poules, ndlr]. Je venais de perdre et j’étais super énervé contre lui, parce qu’il n’arrêtait pas de me dire “allez, tu vas gagner, t’es le meilleur” alors que je me trouvais super nul. Du coup on s’est vraiment chauffés [rires]. C’est une sorte de défouloir contre moi-même, ça me permet de me vider totalement une bonne fois pour toutes.
Quand on t’écoute, on a vraiment l’impression d’entendre un sportif de haut niveau, notamment dans la relation avec ton coach.
C’est exactement ça. Si au niveau du physique, ce n’est pas comparable, ça l’est mentalement. Tous les joueurs pros ont sensiblement le même niveau, avec différents styles de jeu, mais tout se joue au mental. Et là, le rôle du coach est primordial. Tu prends l’exemple de Bruce Grannec, quatre fois champion du monde. Son coach de l’époque c’était Alan “zaL” Brin. Récemment, ce coach a pris DaXe sous son aile, et il a été sacré champion du monde la semaine suivante [rires].
Durant son quart de finale, DaXe a perdu 3-0 au match aller contre le meilleur joueur du monde, Gorilla. Entre les deux matches, son coach l’a pris en main, et derrière il a renversé la situation et lui a collé 5-1. Juste au mental : c’est un truc de malade. L’importance d’un coach dans ce genre de moment, c’est inestimable.
Tu gagnes ta vie grâce à l’e-sport ?
Non ce n’est pas encore le cas, même si c’est l’un des mes objectifs. J’ai eu des offres, mais j’attends d’avoir la vraie opportunité, celle qui me plaira vraiment.
On sait que tu es un grand supporter de l’OL. Et ça tombe bien : le club lyonnais a ouvert une section FIFA il y a deux mois. Du coup, tu te verrais défendre les couleurs de ton club ? 
[Rires.] Franchement ? Oui, ça serait vraiment une super opportunité de jouer pour mon club.

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