“J’ai été éliminée comme une bleue” : entretien avec Candice de Koh-Lanta

“J’ai été éliminée comme une bleue” : entretien avec Candice de Koh-Lanta

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Par Abdallah Soidri

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"Je n’avais pas envisagé de partir avant la réunification."

Candice a allumé le premier feu de cette nouvelle saison de Koh-Lanta, mais sa flamme s’est vite éteinte. Pourtant, sur le papier, l’instructrice en survie stéphanoise avait tout pour être une des candidates les plus performantes du jeu. À cause d’une grande naïveté et d’une certaine méfiance de ses camarades, elle a rapidement quitté le jeu. Avec la manière, diront certains : en ne jouant pas son collier d’immunité, comme l’une de ses idoles, Teheiura, lui aussi coupable de cette erreur stratégique. Entretien.

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Konbini Sports | Pour commencer, comment ça va depuis vendredi dernier ?

Candice | Je m’étais fait une raison très rapidement après le jeu, mais c’était assez violent de voir ces images. Je dirais même que c’était soft par rapport à ce que j’ai vécu sur l’île. Je ne m’attendais pas à recevoir une aussi grande vague de soutien et à ce que mon élimination marque autant les téléspectateurs. J’ai été très surprise par la vague d’amour reçue, mais aussi surprise dans l’autre sens avec les commentaires haineux sur les réseaux sociaux envers Maxine et Laure. Elles ont beau m’avoir fait un coup bas, je ne cautionne pas cet acharnement.

Tu as été éliminée parce que tu n’as pas joué ton collier d’immunité. Pourtant, il y a la jurisprudence Charlotte et Teheiura. Tu ne l’avais pas en tête avant le conseil ?

Bien sûr que je l’avais dans un coin de ma tête. Je me rappelle encore très bien quand ils sont sortis avec leur double collier. J’étais la première à sauter sur mon canapé en disant “pourquoi ils ne le jouent pas ?”

“On peut avoir l’impression d’être prêt mais on ne l’est jamais pour ce qu’on va vivre”

Ton cas illustre bien le fait que les candidats ont beau être préparés mentalement et physiquement, ils ne le sont jamais vraiment assez pour les relations humaines dans le jeu.

Je m’étais beaucoup préparée sur le plan sportif et alimentaire. J’avais même acheté des bouquins sur la manipulation pour comprendre quand on se fait manipuler. Mais on ne peut ni théoriser ni préparer le facteur humain. La moralité de l’histoire, c’est qu’on peut avoir l’impression d’être prêt mais on ne l’est jamais pour ce qu’on va vivre. La réalité du terrain est si particulière, c’est incomparable avec une compétition sportive ou une expédition dans la nature. C’est aussi ce qui fait l’attrait du jeu et que j’ai voulu y participer.

Sur le papier, grâce à ton activité professionnelle, tu avais tout pour être une des candidates les plus fortes du jeu. Tu en avais conscience ?

On ne sait jamais sur qui on va tomber mais, de manière générale, à part quelques exceptions comme Teheiura ou Sam, il y a peu de candidats doués en survie dans Koh-Lanta. Je n’ai pas participé au jeu uniquement pour la survie. Je suis aussi venue pour l’aspect sportif, l’aventure humaine et… la stratégie – et on a bien vu que ce n’était pas mon fort [rires].

Au fait, comment es-tu devenue instructrice en survie ? C’est à cause de Koh-Lanta ?

Cette émission me fait rêver depuis que je suis petite. Déjà vers l’âge de 4-5 ans, je la regardais avec mes grands-parents qui sont fans et je m’amusais dans le jardin à faire des épreuves. J’ai toujours eu ce côté aventure. J’ai été scoute, cheftaine scoute puis quand je suis montée à Paris pour mes études, j’ai lâché le côté nature et ça m’a beaucoup manqué. Donc j’ai décidé de faire un stage de survie pour me reconnecter à la nature et potentiellement, plus tard, envoyer une candidature pour Koh-Lanta. Ce stage s’est bien passé et on m’a proposé d’intégrer l’équipe de formation.

Ce n’était pas du tout mon parcours de vie. À l’époque, j’étais photographe spécialisée dans le luxe, rien à avoir avec la survie. Quand j’ai quitté Paris pour revenir à Saint-Étienne, je me suis dit que ça allait être compliqué de continuer dans la photo, alors j’ai repensé à cette offre de formatrice. Je me suis dit que j’allais y répondre favorablement, faire quelques stages par an, pour arrondir les fins de mois, et il s’est avéré que c’est devenu une activité quasi permanente, surtout l’été.

“Je leur ai donné des clés alors qu’ils voulaient les trouver”

J’ai aussi accepté ce métier pour casser les codes. En tant que photographe, j’avais fait l’expérience du machisme et de l’âgisme, et je pensais que c’était pareil dans le milieu de la survie. Dans la tête des gens, moi la première, on pense que c’est un milieu réservé aux hommes, avec les exemples de Bear Grylls et Mike Horn. Mais du haut de mes 20 ans et de mon 1,59 m, je voulais prouver que la survie est surtout une affaire de bon sens, et qu’on n’a pas besoin d’avoir fait les commandos pour avoir un côté MacGyver.

Devant leur télé, beaucoup ont eu l’impression que tu as été victime de misogynie sur le camp, que les hommes ont mal vécu tes compétences en survie.

Sur le moment, j’ai eu du mal à comprendre ce qui se passait. Très rapidement, j’en suis arrivée à la conclusion que j’ai eu la chance, ou la malchance, de tomber sur une équipe avec un bon niveau en survie, notamment chez les hommes Hervé, Fred et Jonathan. Ils avaient déjà des bases et je suis arrivée avec beaucoup de bienveillance, sans en imposer et en laissant faire.

Si j’avais voulu me mettre en avant, je n’aurais pas fait les choses de cette manière. Mais je me suis heurtée à un sentiment de frustration de leur part, parce qu’en arrivant avec mon package all-inclusive, je les ai un peu privés de vivre leur aventure comme ils l’entendaient. Je leur ai donné des clés alors qu’ils voulaient les trouver. Il y a aussi le fait que je sois plus jeune qu’eux. Je ne citerai pas son nom, mais un ou une de mes camarades d’aventure m’a dit, sur le ton de l’humour, pendant qu’on regardait les tweets : “Si t’avais 15 ans de plus et que tu étais un homme, tu aurais été plus respectée.”

Qu’est-ce que tu retiens de ton aventure ?

Je suis très frustrée car j’avais plus d’ambitions que ça et j’attendais beaucoup des épreuves individuelles. Je ne redoutais pas la vie de groupe, je pensais que ça allait très bien se passer car j’ai l’habitude d’interagir avec les gens. Avant de partir à Koh-Lanta, je n’avais pas envisagé partir avant la réunification donc je n’avais annoncé à aucun de mes proches que je risquais de rentrer avant la fin du jeu. D’ailleurs, quand certains ont su que j’étais rentrée, ils se sont demandé : “Est-ce qu’elle s’est blessée ? Qu’est-ce qui s’est passé ?” Bah, j’ai été éliminée comme une bleue [rires].

Depuis, j’ai une grosse envie de revanche, que ce soit sur Koh-Lanta ou dans la vie de tous les jours. Mais je garde quand même de très beaux souvenirs : la chance d’avoir pu voyager durant cette période, de rencontrer Teheiura, un aventurier que j’admire, et son papa, et la première épreuve avec Hervé, qui s’est bien terminée pour moi.

En plus de ton activité d’instructrice en survie, tu es aussi chroniqueuse sportive à la télévision. Tu peux nous en parler ?

J’ai une chronique sur une petite chaîne locale. Je relève des challenges en faisant des sports improbables ou en défiant des sportifs de haut niveau dans leur discipline. Malheureusement, pour cette deuxième partie, je n’ai pas eu l’occasion de beaucoup la développer à cause du contexte sanitaire.

“Je n’avais annoncé à aucun de mes proches que je risquais de rentrer avant la fin du jeu”

Le sport, c’est un domaine vers lequel tu pensais t’orienter professionnellement ?

J’ai toujours gravité dans ce milieu. J’ai une famille qui a fait du sport à haut niveau, notamment à moto trial. Mon grand-père avait organisé les premiers championnats du monde en France il y a quelques années, et mon père et mes oncles ont fait partie des meilleurs pilotes mondiaux. J’ai fait pas mal de trial, du ski et de l’équitation en compétition. Encore aujourd’hui, tous les sports que je fais, c’est pour la compétition. 

Je remarque que pour une Stéphanoise férue de sport, tu n’as pas dit un mot sur les Verts. Serais-tu la seule à ne pas aimer l’ASSE ?

Comme toute bonne Stéphanoise qui se respecte, je suis pour l’ASSE. C’est un peu dans les gênes de supporter Saint-Étienne. Qu’on aime le foot ou non, c’est dingue de se dire que le club arrive à fédérer autant de monde. Bon, en ce moment, ils ne sont pas très en forme, mais je suis la dernière à pouvoir les critiquer après ma grande performance à Koh-Lanta [rires]. Pour l’anecdote, je sais que le gardien Jessy Moulin était à fond derrière moi.

Pour finir : tu leur parles encore à Laure et Maxine ?

Je n’ai pas du tout verrouillé le contact. Je ne suis pas contre avoir quelques nouvelles, et j’en ai déjà eu de Laure. On aura l’occasion de se recroiser, normalement pour la finale de Koh-Lanta, et on verra comment ça se passe à ce moment-là. Je ne suis pas du tout fermée au dialogue.