“Si Dupraz n’était pas venu, on ne se serait pas maintenus” : entretien avec Alexis Blin, joueur du Toulouse FC

“Si Dupraz n’était pas venu, on ne se serait pas maintenus” : entretien avec Alexis Blin, joueur du Toulouse FC

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Par Julien Choquet

Publié le

S’il n’est pas le milieu français le plus coté de Ligue 1, Alexis Blin creuse petit à petit son trou du côté de Toulouse. Titulaire en puissance cette saison, le natif du Mans nous a accordé un entretien afin de nous parler du nouveau Toulouse de Pascal Dupraz.
Depuis mai dernier, il ne se passe pas une semaine sans qu’on ne parle des Violets. Révélation de la fin de saison passée depuis l’arrivée de Pascal Dupraz, le Toulouse FC surfe sur cette vague de folie cette saison. Afin de mieux comprendre les dessous de cette réussite, nous nous sommes entretenus avec Alexis Blin, jeune milieu de 20 ans qui monte cette saison.


Football Stories | Salut Alexis. Tout d’abord, une question toute bête : qu’est ce ça fait d’être 6e de Ligue 1 ?
Alexis Blin | C’est sûr que ça change du classement des saisons passées [rires]. On était habitués à lutter pour le maintien, et là on fait un début de saison correct, même si on préférait gagner contre Lyon le week-end dernier. On a une équipe très jeune et insouciante, on fait les efforts ensemble avec un coach qui arrive à nous galvaniser : c’est le mélange qui fait notre réussite.
Comment vit-on ce changement de statut, d’équipe quasiment reléguée à l’une des sensations de la saison ?
C’est simple : on l’assume parce qu’on doit l’assumer. On ne veut pas jouer le rôle de petit poucet. On sait qu’on est attendus au tournant, parce qu’on est une équipe difficile à jouer. Mais si l’on regarde notre nombre de points, on ne fait pas un meilleur début de saison que d’autres : Rennes et Guingamp par exemple, on n’en parle pas beaucoup mais ils sont devant nous…
C’est aussi parce que vous avez réalisé de vraies performances cette saison… 
Oui, c’est vrai. On a eu un calendrier difficile mais on a réussi à battre Paris et Monaco chez nous. C’est énorme. Après ça a son “mauvais côté”. On a pris l’habitude de gagner face à des équipes qui avaient la possession, ce qui nous permettait d’exploser en contre. Maintenant, il va falloir apprendre à jouer autrement face à des équipes plus faibles qui nous laisseront le ballon.

Venons-en à Pascal Dupraz. Son arrivée au club a coïncidé avec votre montée en puissance l’an dernier. Alors ,”l’effet Dupraz” : mythe ou réalité ?
Réalité. S’il n’était pas venu la saison dernière, on ne se serait pas maintenus. Ce n’est pas un mythe. Il a su recadrer les choses, mettre des règles en place avec un groupe à l’écoute. Clairement, on en serait pas là sinon, mais plutôt en Ligue 2. On a fait quelque chose de fort en fin de saison dernière, et on a réussi à le propager sur ce début de saison. Le plus dur reste maintenant de confirmer.

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“Pantxi Sirieix m’a dit que c’était la plus grosse émotion de sa carrière, alors qu’il a joué la C1 avec Toulouse”

Concrètement, qu’est-ce qu’il a changé dans le quotidien du club ?
Il est plus exigeant avec les joueurs. Il veut vraiment tirer le maximum de chacun d’entre nous. Il est intransigeant sur la discipline et les horaires par exemple. Et puis tactiquement, il a sa patte. Il aime quand l’équipe vit, quand ça court et qu’il y a de l’agressivité positive. C’est un ensemble de choses qui font qu’il a apporté quelque chose de différent au club.
Tout le monde se souvient du reportage de J+1 sur l’avant-match d’Angers, avec notamment la causerie de Dupraz dans le vestiaire. Comment est-ce que vous l’avez ressentie ?
Je l’ai ressentie comme toutes les personnes qui ont vu ce reportage : avec beaucoup d’émotion. La causerie a eu lieu 1 h 30 avant ce match crucial. En fait, sur le coup, tu ne te rends pas compte de la puissance du discours. Mais ça reste gravé, ce sont des moments très forts dans une carrière. Ce discours a été très marquant pour ceux qui l’ont vu, mais il l’a été d’autant plus pour ceux qui l’ont vécu. Je parlais avec Pantxi Sirieix [joueur emblématique du TFC, ndlr] et il me disait que c’était l’émotion la plus forte de sa carrière, alors qu’il a joué la C1 avec Toulouse. Ça veut tout dire.


Est-ce que l’arrivée de Dupraz a aussi coïncidé avec le retour du public et de l’ambiance au Stadium ?
C’est vrai qu’aujourd’hui on a su faire du stadium un stade difficile à prendre. On a un public qui est derrière nous, et oui, le coach a réussi à les faire revenir, parce que quand on a été mal en point… disons que c’était compliqué. Mais les supporters avaient raison de bouder. On n’avait pas de résultats à la hauteur du club, tout simplement. Aujourd’hui, on voit qu’avec de vraies performances ils sont tous derrière nous. Même après la défaite contre Lyon, des supporters sont venus me voir pour me féliciter.

D’un point de vue personnel, tu montes en puissance. 24 matches l’an dernier, 11 titularisations en 11 matches cette saison, mais d’après mes calculs scientifiques, tu en es à exactement 0 but en Ligue 1… 
Et encore, ce que tu ne sais pas c’est qu’en plus de n’avoir jamais marqué en pro, je n’ai jamais marqué depuis que je suis arrivé à Toulouse, catégorie jeune comprise [rires]. Plus sérieusement, j’ai un rôle assez précis dans l’équipe, qui est de rester derrière et de protéger la défense. C’est vrai que c’est rare que je me projette vraiment devant le but, même si je pourrais le faire plus. En tout cas, j’espère que le premier but arrivera bientôt…
C’est un peu la malédiction des Twittos. Imorou a mis 1 000 matches avant de marquer son premier but, et en ce qui concerne Bouby, c’est impossible de voir un de ses buts si on ne possède pas de lecteur VHS… 
Ça doit être ça. Mais c’est le problème de Twitter : on nous chambre parce qu’on est présents sur le réseau, mais il y a plein de joueurs qui n’ont jamais planté mais qui ne sont pas exposés sur le réseau, donc personne ne dit rien [rires].

Sinon, la saison prochaine on est d’accord qu’on pourra regarder Toulouse à la TV le mardi ou le mercredi soir ?
Franchement, c’est tout ce que tu peux nous souhaiter. À la limite, tu m’aurais dit le jeudi… [rires]. Non mais tu as raison, ça serait fou. Mais il y a des équipes mieux armées que nous. Peut-être qu’on peut tirer notre épingle du jeu, mais on en est encore loin.
Avoue que ça vendrait du rêve un Toulouse – Manchester United, et une conférence d’avant-match entre Mourinho et Pascal Dupraz… 
Ah, pour le coup, ça serait magnifique [rires].