Dinor : “Je me suis calmé sur la musique pour me tuer au foot”

Dinor : “Je me suis calmé sur la musique pour me tuer au foot”

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Par Roch

Publié le

Autant espoir du foot que du rap, Dinor sort son premier album avant de rejoindre le centre de formation de Sochaux.

©️ Konbini

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“Si j’étais une fille, je serais amoureuse de Tanguy Ndombélé”

Tu joues donc au milieu ?
Défensif, comme Ndombélé. C’est mon modèle : si j’étais une fille, je serais amoureuse de lui. En match, je refais même sa démarche. C’est un modèle parce qu’il a aussi eu un passé très compliqué. Il s’est fait recaler de beaucoup de clubs pros, comme moi : j’ai fait plusieurs tests dans toute la France, qui n’ont abouti à rien.
Tu as eu d’autres idoles avant ?
Quand j’étais petit, mon modèle c’était Zidane. J’ai carrément fait une boule à zéro à cause de lui. Je ne regardais que Zidane, j’étais trop amoureux de lui. J’essaie de m’inspirer des joueurs : Neymar, quand il n’était pas connu, je regardais ses vidéos. Là, il m’a lassé, il se blesse trop. Je n’aime pas les joueurs quand ils sont trop connus, après tout le monde joue comme eux.
Tu as su ce qu’il te manquait pour signer ?
C’était surtout l’école. Ça m’a vraiment tué. J’ai aussi eu des blessures. À d’autres tests, je me sentais mal, je n’arrivais pas à bien jouer. En arrivant à Sochaux, j’ai vraiment voulu faire plaisir à mes parents. J’ai pensé à ma mère à chaque entraînement, ça m’a motivé.
Dans “Seul”, un storytelling, tu dis : “Il pensait finir dans le foot…”. Pour toi c’est la meilleure porte de sortie quand on vient d’un quartier ?
La plupart des rappeurs ont voulu faire du foot. Tous regardent Téléfoot le dimanche matin. Quand j’étais lassé du foot, je regardais l’émission et le lendemain je voulais aller à l’entraînement. Beaucoup de rappeurs en parlent dans leurs sons et ça m’a motivé à choisir le foot. Il y en a qui disent qu’ils étaient bons et que c’est là où ils voulaient réussir. Alors que la musique est éphémère, ça peut s’arrêter du jour au lendemain ! Bon, le foot aussi, avec une blessure… Mais il y a plus de blé à se faire !
T’as dû voir beaucoup de talents gâchés ?
J’en connaissais quand ils étaient plus jeunes, ils étaient vraiment trop forts. Aujourd’hui, ils sont au quartier pendant que d’autres, qui étaient beaucoup moins forts, sont arrivés en pro en travaillant, en s’entraînant beaucoup. Moi avec le studio après l’entraînement, c’était dur. Mais à partir de la semaine prochaine, c’est terminé, c’est la reprise. J’espère que je ne vais pas vomir… J’ai plus l’habitude d’aller au studio en Uber que de courir dans les bois.

“Quand je marquerai un but en pro, je prendrai le micro pour rapper un couplet”

Avoir galéré avant de signer, ça va être ta force ?
J’ai de la chance d’avoir signé tard. J’ai eu le temps de bien vivre avec ma famille. Il y en a qui signent tôt et doivent quitter leur famille, leurs amis du quartier. Le football, c’est dur. J’ai signé tard, c’est bien, je me rapproche du monde professionnel. J’ai juste à bien travailler et après il y a moyen que je gratte une signature. Je me suis calmé sur la musique, ce n’est pas pour rien : je vais me tuer au foot. Si ça n’aboutit à rien, je vais pleurer parce qu’aujourd’hui je suis mieux placé dans la musique que le foot.

Tu penses continuer un peu la musique quand même ?
Je vais peut-être lâcher des trucs de temps en temps parce que mes fans je les ai un peu quittés comme ça. Quand je marquerai un but en pro, je prendrai le micro pour rapper un couplet ! (rires). Mais si je réussis dans le foot, après ma carrière, je ne ferais pas de musique. 
C’est quoi ton club de rêve dans ta carrière ?
Je n’ai pas vraiment de club de rêve. Je suis content d’être à Sochaux, ils sont classés dans le top 3 des meilleurs centres de formation. Autour du centre, il n’y a vraiment rien à faire, t’es obligé d’y rester. Si je signe à Monaco, tous les soirs je vais m’amuser en boîte ! À Sochaux, il y a aussi un gars de mon quartier qui a été formé : Marvin Martin. Je l’ai un peu suivi, il a bien été formé, il est arrivé jusqu’en équipe de France.
Tu te verrais jouer à l’étranger ?
Oui pourquoi pas, mais je ne sais pas parler de langues étrangères. Déjà qu’avec le français j’ai du mal, je ne sais pas comment je vais faire ! (rires). Mais niveau football, l’Angleterre, j’aime beaucoup. C’est le meilleur championnat, c’est physique à mort, c’est tous des buffles. À chaque match, tu vas manger des coups et en mettre.
T’es franco-marocain, mais il me semble que tu as déjà choisi pour quel pays tu joueras ?
En vrai, c’est à réfléchir. J’ai déjà été appelé en U17 avec le Maroc, ça s’est bien passé. Il faudra bien que je réfléchisse, j’aime beaucoup le Maroc et j’ai plus de chances d’y être titulaire. Ce n’est pas que je n’ai pas confiance en moi, mais il y a trop de pépites en France. Dans chaque quartier d’Ile-de-France, t’as au moins trente phénomènes. Malheureusement, ils restent à trainer dans la rue, ils gâchent leur carrière.
Ça s’est passé comment cette sélection avec les U17 du Maroc ?
Ça s’est bien passé. On a fait trois matches amicaux, on les a gagnés, j’ai mis un but de la tête. Il y avait des Français, des Espagnols, des Hollandais, des Allemands et des blédards du Maroc. Eux, ils étaient vraiment forts, parce qu’ils étaient habitués à la chaleur. Moi c’était dur, j’avais des ampoules partout, j’étais vraiment content de rentrer en France. Le froid m’avait manqué.
Du coup, on va être obligé de parler de la CAN…
Les Marocains ne me font jamais plaisir. On perd contre le Bénin : je ne savais même pas que ce pays existait. Je n’ai même pas vu le match, j’étais en concert. Quand on m’a dit qu’ils avaient été éliminés aux tirs au but, je croyais que c’était une blague. Ils n’ont plus gagné la CAN depuis 19… je ne sais même pas (1976, NDLR). J’y croyais grave, j’ai posté des photos avec le maillot et des drapeaux pour les soutenir, j’ai même fait une CAN au quartier.
https://www.instagram.com/p/BzOPSXjIyb-/
Tu as joué à cette CAN des quartiers ?
J’ai marqué à tous les matches. Malheureusement, un arbitre a triché et on s’est fait éliminer par les Comores, qui ne sont même pas qualifiés pour la vraie CAN. Les Comoriens des quartiers sont plus forts que les pros, c’est grave !
Le onze de rêve de Dinor : Courtois – Aurier, Varane, Kimpembé, Hakimi – Ndombélé, Pogba, Ziyech – Messi, Neymar, Cristiano Ronaldo. Entraîneur : Zinédine Zidane