“Les joueurs sont prêts à mourir pour lui”: Daniel Riolo nous a parlé de Thomas Tuchel

“Les joueurs sont prêts à mourir pour lui”: Daniel Riolo nous a parlé de Thomas Tuchel

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Par Abdallah Soidri

Publié le

Dans leur dernier livre, Daniel Riolo et Polo Breitner tentent de résoudre "L'énigme Tuchel" (Hugo Sport). Entretien.

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En lisant le livre, on découvre que Tuchel est un entraîneur avec des idées, prêt à mourir avec, mais à Paris, on a l’impression qu’il est devenu plus pragmatique, voire qu’il aurait mis de l’eau dans son vin, tant sur le plan tactique que sur la gestion humaine. Comment ça s’explique ?
Tous les entraîneurs des grands clubs sont un peu pragmatiques. Il reste éventuellement Guardiola dans les dogmatiques, mais dogmatique de quoi ? Du jeu ? Du pressing haut ? Tuchel est dans la même situation. L’intelligence dont il a fait preuve c’est de s’être adapté, parce qu’il le fallait, c’est comme ça que ça marche. Aujourd’hui, les entraîneurs te disent que 70 à 80% du travail c’est l’aspect mental, l’implication et l’intensité. Peut-être que Tuchel est là pour mourir avec ses idées, mais ce dont ont besoin les coachs, ce sont des joueurs prêts à mourir pour eux. Et ça, il a l’air de l’avoir obtenu.
Dans tout ce qui concerne la tactique, on a vu que le gars est super souple, qu’il peut s’adapter. Mais le plus important au PSG, et il l’a compris, ce n’est pas la qualité des joueurs. Elle a toujours été là. Ce n’est pas à cause de l’aspect tactique que tu perds au Camp Nou. Même si on en a fait des caisses avec le 3-5-2 contre City, ce n’est pas à cause de l’aspect tactique que tu perds non plus. Ce n’est pas à cause de ça que tu n’es pas allé loin en Ligue des Champions. C’est toujours à cause de l’aspect mental, de l’esprit d’équipe. Tuchel bosse là-dessus, et pour l’instant, il bosse bien.
Pour revenir au livre, pourquoi avoir choisi d’écrire sur Thomas Tuchel ?

Polo voulait parce que c’est un coach qu’il aime beaucoup. Avec l’éditeur [Hugo Sport, ndlr] on s’est dit que ce serait bien de le faire. Très vite, j’ai dit qu’il fallait que ce soit fait avec lui, avec ses contacts. C’est lui qui porte le projet. Je l’ai accompagné et je me suis intéressé à la partie PSG. Mais tout ce qui est l’histoire de Tuchel, son enfance, ses idées et ce qui se passe en Allemagne, c’est Polo.
Aujourd’hui, il y a un vrai créneau sur les livres centrés sur les entraîneurs et leur manière de bosser. Le management intéresse les gens, et ce sujet me fascine depuis longtemps. Déjà en 2010, j’avais fait un livre sur les secrets de coachs. À l’époque ils racontaient leurs expériences, leurs matches clés et comment ils bossaient la tactique. Là, c’est un mec qui arrive au PSG, et c’est comme si on faisait une présentation de lui. Je trouve ça intéressant d’en savoir plus sur ces gens qui sont des rouages du club.
Vous dîtes que vous êtes plus intervenu sur la partie PSG, comment ça s’est passé ?
La partie sur le PSG, c’est plus sur les conditions de sa venue et comment il bosse. Tuchel est venu à Paris il y a six mois, donc cet aspect ne représente même pas 10% du livre. Ce que j’aime bien dedans, c’est toute la partie sur le fait d’être allemand dans le foot, d’où tu viens, ce que tu portes en toi.


Voir un entraîneur allemand entraîner une équipe française de haut niveau, est-ce quelque chose que vous auriez pu imaginer il y a quelques années ?

Pendant longtemps, on ne parlait pas des masses des entraîneurs allemands. La Bundesliga n’était pas un championnat super visible en France. Culturellement, on ne s’ouvrait pas trop au football allemand. D’ailleurs, quand on a démarré les Drôles de Dames à l’After, elles n’étaient que trois : Italie, Espagne, Angleterre. Au bout d’un moment on a intégré l’Allemagne, et c’est là, à la fin des années 2000, qu’on a découvert Joachim Löw. Sinon, à part lui, il n’y en avait pas beaucoup qui allaient bosser dans d’autres clubs. Il n’y avait pas une tradition comme les entraîneurs italiens ou hollandais qu’on voyait dans tous les championnats. Puis il y a eu la nouvelle école, Jürgen Klopp ou Thomas Tuchel, et ça s’est ouvert. Il y a 10 ans, je ne voyais pas quel entraîneur allemand pouvait venir au PSG. Aujourd’hui, ce n’est pas si surprenant.