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En Algérie, un chant de supporters est devenu l’hymne des manifestants

En Algérie, un chant de supporters est devenu l’hymne des manifestants

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Par Julien Choquet

Publié le

"La Casa del Muradia"

Depuis le 22 février, une vague de contestation s’est emparée des rues d’Algérie afin de manifester contre la prolongation du président Abdelaziz Bouteflika. Et si ce dernier a annoncé qu’il ne briguerait finalement pas un nouveau mandat, il a récemment déclaré qu’il resterait au pouvoir après la fin de son mandat, jusqu’à ce que de nouvelles élections soient organisées. 
Une annonce qui n’a pas aidé à faire désemplir les rues, bien au contraire. La manifestation continue de prendre de l’ampleur, derrière un chant majeur : “la Casa del Muradia”, qui n’est autre qu’une chanson de supporters. 

Pour la petite histoire, ce chant, inspiré de la série Netflix Casa de Papel, a été créé en 2018 par un groupe de supporters de l’USM Alger. Mais plutôt que de remixer le traditionnel “Bella Ciao”, comme l’ont fait beaucoup de supporters dans le monde, le collectif a eu une idée : se servir du thème de la série pour critiquer le pouvoir en place. 
Ainsi, l’organisation du braquage se transforme en une critique du détournement d’argent public par l’entourage du pouvoir algérien, et notamment du président, qui siège dans le palais d’El Mouradia, d’où le nom du chant. En voici les paroles : 

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“Le premier mandat, on dira qu’ils nous ont eus avec la ‘réconciliation’
Au deuxième, l’histoire est devenue claire, la Casa d’El Mouradia
Au troisième, le pays s’est amaigri, la faute à des intérêts personnels
Au quatrième, le pantin est presque mort, et les problèmes durent toujours”


Dès son lancement, “la Casa del Muradia” devient un chant repris par tous… et pas uniquement par les fans de foot. La raison ? Sa portée sociale, comme l’explique Mahfoud Amara, professeur de sciences sociales et de management du sport à l’Université du Qatar à l’AFP

“Cette chanson a eu du succès parce qu’elle traite de manière détaillée les différents mandats de Bouteflika, ce qui lui donne un côté accrocheur. Quand la plupart des manifestants l’ont entendue, ils se sont dit : ‘OK, je peux la chanter aussi car ce n’est pas juste du football mais une chanson sociale.” 

L’an dernier déjà, les ultras du Raja au Maroc avaient fait trembler les politiques avec des chants engagés qui dépassaient largement le cadre du football.