Avec le combat entre Ciryl Gane et Francis Ngannou, le MMA français brille comme jamais

Avec le combat entre Ciryl Gane et Francis Ngannou, le MMA français brille comme jamais

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©Frederic J. BROWN / AFP

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Par Konbini Sports

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Le combat tant attendu entre les deux poids lourds formés en France met en lumière la pratique du MMA dans l'Hexagone.

Le combat entre Ciryl Gane et Francis Ngannou pour le titre des lourds de l’UFC constitue une formidable caisse de résonance pour le MMA français, dont l’écosystème commence tout doucement à se structurer deux ans après sa légalisation. Dernier grand pays à avoir sorti la discipline de la clandestinité, la France est soudainement placée au centre de la planète MMA avec cet affrontement entre deux combattants formés au MMA Factory, club parisien fondé en 2012 par Fernand Lopez. Une évolution radicale alors que les arts martiaux mixtes y ont eu longtemps mauvaise réputation malgré un nombre de fans conséquent.

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Une normalisation amorcée en 2020

Le vent a commencé à tourner à partir de janvier 2020 et la délégation accordée à la Fédération française de boxe pour organiser le MMA. Depuis, les premières licences ont été signées (moins de 8 000 dans 120 clubs, selon la FFBoxe) et des soirées se tiennent régulièrement sous l’égide de divers promoteurs privés, en attendant l’arrivée tant espérée de l’UFC (Ultimate Fighting Championship).

Le duel Gane-Ngannou, dimanche à Anaheim (Californie), n’est donc que l’aboutissement du processus de normalisation de ce sport dans l’Hexagone. “On parle de ce combat comme on parle des grands combats de boxe et non plus comme si c’était un phénomène bizarre pour des barbares dans une cage”, se félicite Bertrand Amoussou, l’un des pionniers de la discipline en France et membre du Board de la Fédération internationale du MMA (IMMAF).

L’UFC à l’affût du marché français

L’UFC ne s’y est pas trompée et scrute attentivement le développement du marché tricolore. La toute-puissante ligue américaine, qui n’a pas encore monté d’évènements en France, compte bien y débarquer enfin cette année après avoir été devancée par son concurrent du Bellator en octobre 2020.

“Il n’y a aucun doute que ce combat va être une opportunité d’élargir la base de fans”, explique Lawrence Epstein, directeur général de l’UFC. “La France est déjà un pays très important, on le voit à travers nos audiences télévisées et c’est le deuxième pays le plus important en Europe sur Facebook, avec presque 550 000 fans. La croissance est très rapide et il n’y a aucun doute que ce week-end va l’accélérer. Nous avons bon espoir que 2022 soit l’année où nous organiserons une soirée en France.”

“Encore tout à faire”

Mais avant que l’armada UFC ne fasse un détour par la France, la discipline essaye d’exister, tant bien que mal. Plusieurs organisations comme Ares ou Hexagone MMA se sont lancées dans l’aventure mais le nombre de combattants pouvant vivre de leur passion reste dérisoire : à peine une vingtaine, selon la FFBoxe.

Pour Fernand Lopez, qui a créé sa propre ligue (Ares Fighting Championship) et prévoit une soirée par mois en 2022, “il y a encore tout à faire.” “On a encore du mal à s’y retrouver”, ajoute l’entraîneur de Ciryl Gane. “Même si ce sport devient petit à petit mainstream, les télévisions sont assez frileuses et le modèle économique de la promotion sportive n’a de sens que si il y a un contrat de télévision. Ne compter que sur le ticketing, c’est aléatoire.”

Vers une pratique éducative du MMA

Du côté de la pratique de masse (50 000 personnes environ), le chantier est tout aussi imposant. “C’est compliqué de passer d’un système libre et ouvert pendant 20 ans à quelque chose qui est encadrée par les diplômes, des normes et un cadre légal”, déclare Lionel Brézéphin, en charge de la structuration du MMA à la FFBoxe. “Le vrai développement de la pratique viendra quand les gens prendront des licences.”

Pour Bertrand Amoussou, “il faut aller vers la promotion du MMA éducatif, l’enjeu est là”. “Pour les gens, le MMA c’est l’UFC, or ce n’est pas que ça, c’est aussi de la pratique éducative comme on peut faire du judo, du karaté ou de la boxe. On est très en retard.”

La solution passera peut-être par une indépendance totale vis-à-vis de la FFBoxe, comme le souhaitent les principaux acteurs de la discipline. “La structuration est pratiquement assurée. L’objectif est de permettre demain aux pratiquants d’avoir leur propre fédération autonome. Notre agrément court jusqu’en 2022. Nous verrons bien ensuite ce que décidera l’État”, a récemment affirmé Dominique Nato, président de la Fédération, à News Tank.

AFP/Keyvan NARAGHI