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Grégoire Margotton : “Griezmann m’a bien conquis, c’est un sacré gamin”

Grégoire Margotton : “Griezmann m’a bien conquis, c’est un sacré gamin”

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EURO 2016 LES PRESENTATEURS DE TF1 A L’IMAGE: Gregoire Margotton Margotton ok RTOK

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Par Lucie Bacon

Publié le

L’annonce du transfert avait rendu inconsolables les amateurs de Ligue 1 : Grégoire Margotton a quitté Canal + à l’issue de l’exercice 2015/2016. Mais que les fans de foot se rassurent, ils n’ont pas fini de l’entendre : sur PES, d’abord, mais désormais surtout sur TF1. 

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Il sera donc le commentateur star de la Une. Grégoire Margotton commence dès la fin du mois de mai une nouvelle aventure sur TF1. Entre deux biberons et le remplissage d’un cahier de notes sur les attaquants croates, le commentateur a accepté de répondre à nos questions sur son passé, son avenir et ses chouchous pour l’Euro.

On sait que tu es supporter de Liverpool, et on est désolés de faire cette interview aujourd’hui (l’interview a eu lieu le lendemain de la défaite contre Séville, ndlr). En même temps, tu ne t’attendais pas vraiment à ce qu’ils gagnent, si ?

Ah si, j’étais persuadé qu’ils gagneraient. Je sais que Séville est une équipe qui joue mieux au football que Liverpool, et ce sont ceux qui ont le mieux joué qui ont gagné. Je pensais que ça passerait, que Klopp allait en gagner une. On ne refera pas le match, mais il y a eu deux, trois trucs hallucinants du côté de l’arbitrage. Klopp à la fin est allé voir l’arbitre en lui disant “j’ai quelques trucs à vous dire quand même” et il l’a pourri (rires). Vraiment, j’étais persuadé qu’ils allaient gagner cette année car ils avaient battu des équipes plus fortes qu’eux. On attendra encore un peu, comme les supporters rennais.

On est à 22 (21 désormais, ndlr) jours de l’Euro. Alors, plutôt excité, tendu ou pressé d’y être ?

22 v’là l’Euro ! Je ne suis pas pressé car je sais que ça va venir vite, et beaucoup trop vite. Mais le reste, excité et tendu, fonctionne bien. Il faut que je me mette au boulot d’ailleurs. J’ai l’impression que les Français sont plus impatients que l’Équipe de France ou les journalistes. Il suffit de voir les entraînements avec tous ces supporters, il y a une petite attente, les gens veulent se faire plaisir, ça fait envie. J’ai l’impression de tomber à un moment spécial, comme si on se réveillait d’un mauvais rêve avec l’Équipe de France. Si j’avais 15 ans aujourd’hui, ce serait la première Équipe de France qui me ferait envie, avant ce n’était que des équipes de France qui ont connu des soucis, des polémiques. On s’enflamme peut-être tous, mais je préfère cette atmosphère à celle d’il y a quelques années.

Tu en es où dans ta prépa ? Et comment ça se prépare d’ailleurs pour un commentateur un tel événement ?

J’ai déjà bossé sur tous les pays, même ceux que je ne commenterai normalement pas au premier tour. Ensuite j’ai deux cahiers remplis de notes que j’emmènerai, je les complète depuis le mois de mars environ, en notant les blessures des uns et des autres, par exemple. Il y a plein de choses qui ne serviront pas mais j’accumule quand même toutes ces petites infos. Comme on aura des matches presque tous les jours, 90% des choses doivent être écrites avant d’y être, ensuite je rajoute les dernières actualités.

On imagine que tu vas commenter le match d’ouverture ? Ça te fait quoi ?

Je ne sais pas encore, une fois que je serai face à la pelouse, ce sera le même métier que celui que je fais depuis 25 ans.

Tu arrives sur une chaîne emblématique en ce qui concerne le foot français et les exploits de l’Équipe de France, comment te sens-tu avant ce challenge ?

Je me sens un peu extérieur à tout ça pour l’instant, c’est la première fois de ma vie professionnelle qu’on me pose ces questions. Je me rends compte que commenter l’Équipe de France, ce n’est pas un commentaire comme les autres. Il faudra que j’apprenne à ne pas plaire, à me faire insulter. Mais heureusement j’ai 46 ans et un peu plus de recul aujourd’hui.

Dans So Foot, il y a 6 ans, lors d’une discussion sur le ton à adopter lors d’un commentaire de match, tu disais : “Une chose certaine, il me serait impossible de commenter l’équipe de France, surtout pour le côté cocorico.” Tu as finalement changé d’avis ?

C’est une évolution en fait. C’était une discussion sur le fait que je n’avais pas à être supporter pendant un match, j’arrivais à m’extraire de mes émotions, je me disais que peut-être pour l’Équipe de France, ce serait compliqué. Mais j’en ai fait l’expérience en Ligue des Champions, en commentant les clubs français. C’est vrai que je peux avoir plus d’empathie pour le PSG que pour Chelsea, d’ailleurs certaines personnes pensaient que j’étais supporter de Paris. En tous cas, je ne pourrai pas dire du mal d’un adversaire ou dire un cliché sur un autre pays car l’époque a changé. Et heureusement. 

“Si la France peut être extraordinaire pendant un mois, ce sera bien”

Tu attends quoi de cet Euro ?

J’attends un truc populaire, j’attends des choses en-dehors du football. Pour le foot, il y a toujours des surprises, des histoires étonnantes qui rendent les phases de groupe intéressantes. Moi je pense qu’un Portugal/Islande aura un intérêt, je ne sais même pas si ce match aura lieu d’ailleurs (oui, il aura lieu le 14 juin à 21h, ndlr). J’espère aussi que les grands joueurs ne seront pas fatigués, que les meilleurs auront encore des jambes car c’est grâce à eux qu’on va avoir du spectacle !

J’attends aussi que ça se passe bien partout, dans les rues, dans les stades. Il y aura une ambiance spéciale avec l’arrivée de milliers d’Européens. J’ai hâte de voir ça. Pour avoir vécu ça en Allemagne, en 2006, c’était extraordinaire. Si la France peut être extraordinaire pendant un mois, ce sera bien.

En parlant des meilleurs, qui est ton chouchou chez les Bleus ?

(Il hésite un peu) J’en ai pas mal finalement… Mais je dois dire que Griezmann m’a bien conquis. On l’a suivi dernièrement à Canal pour la Ligue des Champions, et j’ai pu parler avec lui. Griezmann, c’est un sacré gamin, un sacré joueur. Lui, j’espère qu’il ne sera pas carbonisé. Je connais aussi beaucoup Martial depuis qu’il est à Lyon, j’aime ses yeux, sa timidité, son charisme, son calme, ce moment quand il rentre sur un terrain. C’est un sacré personnage, c’est un moine bouddhiste en fait ! J’aime bien Mandanda, je l’ai toujours trouvé classe, élégant, professionnel. Il y a pas mal de profils qui me plaisent dans cette équipe.

“Lacazette j’y croyais un peu, Ben Arfa j’y croyais encore un peu plus”

On sait que tu es de Lyon, pas trop déçu pour Lacazette et Umtiti ?

Umtiti je n’y croyais pas trop, il l’aurait pris au printemps s’il le voulait pour l’Euro. Lacazette j’y croyais un peu, Ben Arfa j’y croyais encore un peu plus. Régulièrement il y a un ou deux blessés, il peut y avoir des surprises. Ils ne sont pas loin, comme Kurzawa, avant PSG/Nantes, je lui disais : “Ça viendra”. C’est toujours triste, mais pour moi il y a toujours des évidences. Sissoko, quand je l’avais vu au début à Toulouse, je m’étais dit qu’il irait loin. Ce n’est pas le taulier, mais il est là.

Est-ce que tu te rappelles de la première choses à laquelle tu as pensé en passant la porte de Canal pour la première fois ?

Je n’étais pas plus impressionné que ça par les gens. Je n’étais pas abonné, je ne regardais Canal qu’à l’école, quand j’étais étudiant. Mais j’avais une image positive du service des sports qui rassemblait à l’époque le plus de talents et proposait le plus de choses. C’est pour cela que je me suis proposé quand Charles Bietry avait ouvert deux postes de stagiaire à ma promo. Ça m’est un peu tombé dessus. C’était impressionnant mais Canal, c’était tellement un endroit où débarquaient des gens connus qu’on était jamais blasé ! J’étais presque plus impressionné quand j’ai vu Jean-Claude Bouttier (boxeur puis consultant pour Canal, ndlr) arriver, là j’ai fait “wow” !

Et quel est le dernier sentiment que tu as eu en quittant Canal ? Un petit pincement au coeur quand même ou tu as pensé que c’était comme ça, que tu devais continuer ton chemin ? 

Tout ça réuni, ça a pu dépendre des moments et des personnes. J’essayais de rester surtout concentré sur mes matches et mon travail, de rester dans mon rythme, mais ça n’a pas été facile. Je n’ai pas trop eu le temps de faire le point finalement. Effectivement, samedi soir, en quittant le Parc il y a eu quelques secondes d’émotion, mais la vie continue. Et quand on a la chance de quitter un endroit où on a eu toutes ses chances, on ne regrette rien et on remercie.

Quelle est la chose la plus folle que tu as vécue à Canal ? Tu parles souvent de célébrations de victoires ou de titres mythiques… 

Oui, je m’en souviens d’une à Lyon, ça devait être en 2004 ou 2005. Ils avaient été méchants, j’étais dans le couloir et ils m’ont tout fait, la flotte, la mousse à raser, l’extincteur aussi, mais le gros ! (rires). C’était sympa.

Tu te rends compte que tu laisses plein d’amateurs de Ligue 1 sur la carreau ? Beaucoup de jeunes ont grandi avec toi aux commentaires des matches…

Ils ont été obligés les pauvres ! 90% d’entre eux ont entendu ma voix, oui. Mais je ne me rends pas compte de ce que je représente pour eux. Je m’en suis rendu compte l’autre jour à Lyon, à un concours de commentateurs, les gamins me connaissent, et ce sont des choses qui me donneraient envie de donner des cours dans des écoles de journalisme. Mais personne n’est irremplaçable. Et j’espère qu’ils regarderont les Bleus, et qu’ils ne diront pas “depuis qu’il est à TF1 il est moins bon”.

Comment vas-tu prononcer Bixente (Lizarazu) ? Bichennnté comme le commun des mortels ou Bichette comme Christian Jeanpierre ?

Je ne sais pas encore ! Bichennntéééé j’aime pas, ça fait Vicente, ça fait espagnol. Je pense que je dirai Bichennte, mais j’espère que ça ne fera pas trop “Bichette”.

Après l’Euro tu feras quoi ? Passer d’un match par semaine à un par trimestre ne te fait pas peur ? 

Si j’ai accepté la proposition de TF1, c’est que je voulais partir d’une page blanche, le reste est à écrire et c’est ça qui me fait envie. J’aimerais bien collaborer avec LCI, je suis persuadé qu’il y a une belle ambiance et qu’ils ont bien envie de bosser. Participer à Téléfoot ça me dit bien aussi. Je rêve de faire de la radio. Et j’ai une petite fille de 3 mois donc je ne vais pas m’ennuyer.

Et tu vas continuer à commenter pour PES

PES 2017 est déjà enregistré ! La suite, je ne sais pas, mais moi je suis un grand fidèle ! C’est le seul truc que je fais en dehors de mon métier car ça y ressemble, c’est un exercice que j’aime bien faire. C’est aussi pour ça que les gamins connaissent ma voix, c’est presque plus par les jeux que par la télé !